A travers l'amitié vint l'aide

« J'étais arrivé au point où il était trop dangereux de rester à Tirana. Refik a proposé de nous transférer dans la maison de ses parents à Kruya. J'ai appris plus tard, lors de la visite de Refik en Israël, que sa famille s'était alors réunie, ils avaient tenu un conseil familial en présence du père de Refik, Vesel Veseli, Hamid, le frère aîné de Refik et Hirije, sa soeur aînée. Ils ont alors décidé, que le sujet à l'ordre du jour n'était pas de se poser la question s'il fallait oui ou non sauver la famille juive Mandel, mais comment les faire passer, comment les sauver. Alors ils ont décidé, d'un commun accord que Vesel Veseli, le père de Refik ramènerait de Tirana quelques mulets et à dos d'âne on nous ferait passer de Tirana à Kruja, […], avec Vessel, avec le père, […] Il était en tête de file et nous on le suivait. Je me souviens de cette fois, même s'il prenait toujours garde de nous faire passer par des sentiers et des bas-côtés, où nous avons été obligés de passer par la grande route, et là une patrouille allemande nous a arrêtés et a demandé nos papiers. Nous avons présenté les faux papiers que nous avions et ils ont eu un coup de coeur particulièrement pour maman. Sur sa carte, il y avait une photo d'identité de maman, une belle femme blonde, […] on aimerait bien la voir sous son voile, car maman portait le voile, comme il est d'usage chez les femmes en Albanie. Maman a soudain émis une voix bizarre : "aha, qu'est ce qu'ils veulent ?" Ils ont pris peur et sont partis. "Quelle femme sous-développée, laissons tomber". »

Témoignage de Gavra Mandil, Archives de Yad Vashem 03.11543, VT-2652, pages 28-29 (traduit de l'hébreu)