Après l’occupation de l’Albanie par les Allemands en 1943, la population albanaise, faisant preuve d'un courage extraordinaire, s'oppose aux ordres de l'occupant et refuse de dresser la liste des Juifs vivant en son sein. Différentes institutions étatiques fournissent également aux familles juives de faux documents, leur permettant ainsi de se mêler à la population locale. Mais les Albanais ne se contenteront pas de protéger leurs concitoyens juifs, ils accueilleront aussi ceux qui viendront se réfugier en Albanie, aussi longtemps que celle-ci demeurera sous contrôle italien.
Le remarquable soutien dont bénéficièrent les Juifs était fondé sur un code d’honneur du nom de Besa, qui figure encore aujourd'hui en tête des principes éthiques en Albanie. Littéralement, Besa signifie « tenir sa promesse ». Une personne qui agit conformément à ce code tient parole, on peut lui confier sa propre vie et celle de sa famille.
Gavra Mandil naît à Belgrade. Son père et son grand-père sont photographes. Suite à l'occupation allemande en 1941, la famille, qui s'était réfugiée à Pristina, se retrouve incarcérée, en compagnie d'autres Juifs, à la prison municipale. Ses membres sont ensuite déportés en Albanie par les Italiens. Après un séjour à Kavaje, ils partent à Tirana en 1943. Durant l'automne 1943, après l'invasion allemande de l'Albanie, ils se trouvent contraints d'entrer dans la clandestinité. Refik Veseli, un Albanais musulman, qui deviendra par la suite le premier Juste parmi les Nations d'Albanie, les protège et les cache. En 1948, Gavra et sa famille émigrent en Israël et s’installent à Haïfa. Gavra entreprend des études secondaires, s'enrôle dans l'armée et prend part aux combats de l'opération Kadesh. En 1962, il ouvre le Studio Gavra, spécialisé dans les photographies publicitaires. À partir des années 60 et jusqu'en 1990, le studio sera l'une des entreprises de photos publicitaires les plus florissantes du pays. Mandil sera aussi le fondateur et le président de l'Association des amis de l'Albanie.
