Le nouveau départ pour Gavra en Israël

Lors de son arrivée en Israël, Gavra est âgé de 12 ans.

« Au début, c'était très dur, tant sur le plan scolaire que social. Jusqu'à ce que je comprenne et que je réalise où je me trouvais. […] . Pendant la première période, peut-être la première année j'étais la risée des sabras*, mais un beau jour, […] une sorte de métamorphose s'est opérée en moi. Peut-être […] ce désir d'être comme les autres, […] Même ici je voulais être comme tout le monde et montrer à tous que je leur étais supérieur, j'ai alors commencé à devenir plus malicieux, j'ai apporté dans la classe où il y avait un prof qui était victime de nos railleries, une sorte de grenouille qui fait tic tac. Je l'ai mise sous le pied et j'ai fait tic tac, et lui il devenait fou et ne savait pas d'où venait ce bruit, il a fait sortir la moitié de la classe, sauf moi, il n'avait pas le moindre soupçon, car pour lui c'était impensable que cet enquiquineur soit moi, qu'il s'agisse de ce nouvel immigrant. À la fin, il a dit : "ça suffit, je craque, dites-moi qui fait ça." Alors je me suis levé et stupéfaction ! J'ai été convoqué chez le proviseur avec un avertissement et le proviseur m'a dit : "Félicitations, tu t'es bien intégré ! Tu es déjà comme tout le monde." Ensuite je me suis inscrit aux scouts, et là j'ai découvert qu'il y avait des choses plus importantes que les études, qu'il y a un mouvement de jeunesse. »

Témoignage de Gavra Mandil, Archives de Yad Vashem 03.11543, VT-2652, pages 52-53 (traduit de l'hébreu)

* Sabra (en hébreu : צבר) désigne les populations juives nées avant 1948 dans le territoire de la Palestine sous mandat britannique et leurs descendants dans la population israélienne. Par extension, cela désigne tous les Juifs nés sur la Terre d'Israël.
Le mot dérive de l'hébreu tsabar (figue de barbarie), allusion à la douceur du fruit qui se cache derrière la plante piquante du désert, à l'image supposée des Israéliens de cette génération.