Propos de Drita Veseli (épouse de Refik Veseli)

« Notre demeure est tout d'abord la maison de Dieu, ensuite la maison de notre hôte et troisièmement celle de notre famille. Le Coran nous enseigne que tous les êtres humains, les Juifs, les Chrétiens et les Musulmans sont les fils d'un seul Dieu.

 

Mon époux était photographe. Il a appris son métier alors qu'il était jeune apprenti chez un photographe juif qui s'appelait Moshe Mandil. Les Italiens avaient déporté la famille de Mandil de Pristina au Kosovo à Tirana. Lorsque les Allemands ont occupé l'Albanie, mon mari a reçu l'accord de sa famille pour cacher les quatre personnes de la famille de Mandil ainsi que trois personnes de la famille Ben Joseph. Ils ont été cachés dans la maison familiale située dans les montagnes du village Kruje. Les sept Juifs y sont restés jusqu'au moment de la libération. Refik Veseli et ses parents, Fatime et Vesel Veseli sont les premiers Albanais  à avoir obtenu le titre de Justes Parmi les Nations.

Lorsqu'on avait demandé à mon mari, comment tant d'Albanais avaient caché des Juifs et les avaient protégés, il leur a répondu la chose suivante : "En Albanie il n'y a pas d'étrangers, il n'y a que des invités. Notre code moral, pour nous Albanais exige que nous soyons hospitaliers envers nos invités dans notre demeure et dans notre pays.". Lorsqu'on lui a demandé s’il y avait eu des Albanais qui avaient livré des Juifs aux Allemands, mon mari a répondu que si une telle chose s'était produite cela voulait dire que cet Albanais aurait déshonoré sa famille et son village, que son village devrait être détruit et sa famille bannie. La question pour lui ne devait même pas être posée, car "aucun Albanais ne nous a déshonorés". Aujourd'hui, c'est mon fils qui tient le studio de photo Veseli à Tirana. »

Le 23 décembre 1987, Yad Vashem a reconnu Vesel Veseli, sa femme Fatime Veseli et leur fils Refik Veseli, Justes parmi les Nations.