De gauche à droite : Iris Rosenberg, directrice du département de la communication, Serge Klarsfeld, Pierre-François Veil, président du Comité Français pour Yad Vashem, Miry Gross, directrice des relations avec les pays francophones, Dana Porath
De gauche à droite au premier rang : Nicolas Roth, rescapé de la Shoah, Bernard Emsellem, conseiller du président de la SNCF et Daniel Lee, conseiller historique du site Internet de Yad Vashem en français
Miry Gross, directrice des relations avec les pays francophones à Yad Vashem et Christophe Girard, maire du IVème arrondissement de Paris
Jeannine Sebbane (au centre de la photo) en compagnie de Serge et Beate Klarsfeld (à droite) et de Sarit Bruno, directrice adjointe du département Internet de Yad Vashem et responsable de la création du site Internet de Yad Vashem en français (à gauche).
De gauche à droite : Philippe Allouche, directeur général de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, Pierre Marquis, responsable de la communication, Serge et Beate Klarsfeld, Pierre-François Veil, président du Comité Français et Annette Wieviorka
23 mars 2017
Le 27 mars 1942, le premier convoi de déportation au départ de France et à destination d'Auschwitz partait avec 1 112 Juifs à son bord. 75 ans après, presque jour pour jour, le 23 mars 2017, Yad Vashem, l'Institut international pour la mémoire de la Shoah, a inauguré son site Internet en français afin qu'il serve de rempart contre l'oubli.
L'événement a eu lieu à la mairie du IVème arrondissement de Paris sous l'égide de M. Christophe Girard, maire du IVème arrondissement de Paris, en présence de M. Pierre-François Veil, président du Comité Français pour Yad Vashem et avec la participation de M. Serge Klarsfeld et de survivants de la Shoah.
Miry Gross, directrice des relations avec les pays francophones à Yad Vashem, a tenu à replacer le lancement du site Internet en français dans son contexte. Cet événement s'inscrit dans la continuité du travail de mémoire et d'éducation accompli par Yad Vashem :
« Depuis sa création, il y a maintenant plus de soixante ans, Yad Vashem n'a cessé d'accumuler des informations et des connaissances afin de préserver et de transmettre l'histoire et la mémoire de la Shoah. Des millions de documents, témoignages, photos, films, objets et œuvres d'art ont été recueillis jusqu'à ce jour. Ils témoignent à jamais des dangers de la barbarie, du totalitarisme, du racisme et de l'antisémitisme. Ils nous préservent de toute tentation de manipuler, de déformer ou de nier la vérité historique, dans une époque particulièrement troublée, comme celle que nous vivons. Toutes ces ressources sont désormais accessibles à l'ensemble du public francophone, en France et dans le monde, grâce au nouveau site Internet de Yad Vashem en français ».
Le maire du IVème arrondissement de Paris, Christophe Girard, qui accueillait la manifestation dans ses locaux, a évoqué la portée de la mise en place du nouveau site :
« Le fait que Yad Vashem décide d'avoir un site Internet en français permet de s'assurer que jamais personne n'aura plus l'excuse de dire qu'il ne savait pas ».
Grâce au nouveau site Internet, plus de 180 vidéos et témoignages de rescapés de la Shoah sont désormais à la disposition du public francophone dans le monde entier et Christophe Girard a également souligné l'importance du travail de témoignage de ces nombreux survivants qui expliquent « avec leurs mots, leur simplicité, et jamais de colère, ce qu'ils ont connu, vécu et entendu ».
Les internautes francophones pourront y découvrir un récit de la Shoah en cinquante chapitres, accompagné de témoignages de survivants ainsi que de nombreux objets, photos, documents et films d’archives. Le site donne accès à une importante base de données recensant tous les convois de déportation partis de France. Grâce aux expositions virtuelles, les visiteurs auront la possibilité d'approfondir certains thèmes comme l'art et la Shoah, les Justes parmi les Nations, l'arrivée des déportés au camp d'Auschwitz-Birkenau ou les maisons d'enfants en France pendant la Shoah. Deux de ces expositions comprennent un aperçu historique sur le sort des enfants juifs en France pendant la Shoah réalisé par Serge Klarsfeld. Lors du lancement, celui-ci a déclaré :
« Le nouveau site Internet de Yad Vashem est une impeccable machine à remonter le temps. Rien ne manque à celui qui recherche une liste, un nom, un visage d'enfant, une date ou un lieu de naissance, une adresse d'arrestation, la date, l'horaire ou l'itinéraire d'un convoi, le parcours d'un survivant. C'est aussi une machine de vérité apte à révéler aussi bien toute la machinerie du crime le plus extrême que les actes les plus justes (…) Le site Internet en français atteindra non seulement la France mais aussi tous les pays francophones comme la Suisse, le Canada ou la Belgique et c'est très important à une époque où l'extrême-droite en Europe relève la tête. (…) Je crois que les sources d'information, de documentation sont extrêmement nécessaires et que nous avons besoin de ces sources non seulement pour les descendants des victimes mais également pour les citoyens qui cherchent des informations et qui trouvent souvent des informations tronquées, dénaturées ou falsifiées. (…) J'ai écrit beaucoup de livres, fait beaucoup de travaux sur papier mais cela représente quelques milliers d'exemplaires alors qu'Internet permet d'atteindre des millions de personnes. »
Spécialement conçue pour le lancement du site en France, une exposition virtuelle intitulée « 43, rue Vieille du Temple » retrace la destinée de trois familles juives du Marais à partir de la rafle du Vel' d'Hiv (juillet 1942). Les lettres envoyées à madame Rahma Sebbane par ses voisins déportés constituent le fil conducteur de cette exposition particulièrement émouvante. Sarit Bruno, Directrice adjointe du Département Internet de Yad Vashem et responsable de la création du site en français, a présenté au public cette exposition en présence de madame Jeannine Sebbane-Bouhanna, venue spécialement d'Israël pour le lancement du site et qui allumera à Yad Vashem l'un des six flambeaux de la mémoire lors de la cérémonie d'ouverture de Yom Hashoah (Journée du souvenir de la Shoah et de l'héroïsme). D'autres rescapés, dont les témoignages sont accessibles sur le site Internet, étaient également présents : Nicolas Roth, Esther Senot, Esther Tankel, Alexandre Halaunbrenner et Liliane Klein-Lieber.
Les autres sections du site sont dédiées aux Justes parmi les Nations, à la commémoration des victimes, au complexe muséographique et aux informations nécessaires pour préparer une visite à Yad Vashem. Par ailleurs, des activités éducatives et du matériel pédagogique en français sont désormais à la disposition des enseignants et des élèves en ligne.
Pour Pierre-François Veil, président du Comité Français pour Yad Vashem :
« Le site Internet de Yad Vashem, désormais accessible en français, va donner accès à tout le public francophone, à partir de n'importe quelle connexion Internet, partout dans le monde, à la plus vaste base de données disponible sur l'histoire de la Shoah. Cela constitue une avancée et une contribution essentielles à la connaissance et à l'enseignement dans le monde. (…) Les réseaux sociaux nous abreuvent de mauvaises nouvelles, nous abreuvent d'informations secondaires, dissimulent aux yeux de nos concitoyens les débats essentiels. Penser que le même outil peut servir l'existence d'un site Internet de Yad Vashem en français, c'est pour moi un immense réconfort sur ce que peut être la modernité. La technique n'est pas seulement à la disposition du pire, elle est aussi à la disposition du meilleur. A la disposition de la lutte contre l'oubli et de tous les efforts faits par Yad Vashem pour la collecte des noms, des objets, des histoires et des évènements, et pour l'enseignement de la Shoah et des phénomènes génocidaires ».
Le site Internet de Yad Vashem enregistre actuellement plus de 18 millions de visites par an. La version française permettra de rendre le travail et les ressources de l'Institut accessibles au public francophone en France et à travers le monde. Comme l'a souligné Iris Rosenberg, directrice du département communication de Yad Vashem :
«Le réseau Internet est évidemment l'une des principales plateformes à l'aide desquelles Yad Vashem partage la multitude des informations et des connaissances accumulées au fil des années. Le site Internet de Yad Vashem qui existe aujourd'hui en sept langues, comprenait déjà des informations en français mais nous souhaitions depuis longtemps mettre en place un site complet et plus largement fourni en français. C'est désormais chose faite. »
Un public nombreux d'amis de Yad Vashem était présent lors de l'événement, au premier rang duquel plusieurs membres du Comité Français pour Yad Vashem. On notait également la présence de Beate Klarsfeld, Annette Wieviorka, Ido Bromberg, représentant l'ambassade d'Israël, Philippe Allouche, Judith Cytrynovicz et Pierre Marquis de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, Bernard Emsellem de la SNCF et Karel Fracapane de l'Unesco.