786 Juifs envoyés à Sobibor
Le 8 novembre 1942, l’Afrique du Nord est envahie par les alliés. En représailles, le 11 novembre, les Allemands occupent la zone non occupée de France, dite “libre” jusqu’alors, désormais baptisée la "zone sud”. De nouveaux postes de sécurité allemands (SD) y sont établis dans des villes telles que Lyon, Toulouse, Marseille, Montpellier et Vichy.
Marseille cristallise les attentions des autorités d’occupation qui craignent que la ville, et surtout le quartier du Vieux-Port, ne se transforment en centre d’activité antiallemande. Himmler va donc décréter la démolition du port. Dès le 18 janvier, les Allemands organisent des chasses à l’homme dans Marseille qui visent tout individu considéré comme “indésirable”. Sont désormais traqués “les clochards, les vagabonds… les personnes dépourvues de carte d’alimentation, et tous les Juifs…”
Le 22 janvier, l’opération Sultan est déclenchée par les autorités françaises avec la coopération des autorités allemandes. En deux jours, quelque 6 000 personnes seront raflées. Au final, 1 642 d'entre elles seront déportées (3 977 seront relâchées). Parmi elles, 786 Juifs (dont 580 citoyens français) seront envoyés vers le camp de Compiègne, en train, dans la matinée du dimanche 24. Un départ effectué dans des conditions particulièrement cruelles, sous la surveillance de la police allemande.
Raymond Raoul Lambert, directeur de l’UGIF-Sud (Union Générale des israélites de France), racontera dans ses récits l’entassement dans des wagons à bestiaux plombés au départ, de familles juives aux côtés de “filles publiques du port, de condamnés de droit commun et d'étrangers sans état civil”, sans eau, sans nourriture, sans banc, sous le coup de certains actes de brutalités au moment du départ.
Sauvetage et solidarité
La rafle du Vieux-Port de Marseille a donné lieu à un élan de solidarité au sein de la population marseillaise. Nombre d'habitants ont porté assistance aux Juifs menacés, n’hésitant pas à les cacher, au péril de leur vie, pour leur éviter la déportation. C’est le cas de Jean-Baptiste et Marie-Jeanne Costa, qui ont accepté de prendre en charge femmes et enfants juifs avec leur grand-mère quand les hommes des familles Fresco et Misrahi ont été arrêtés le 23 janvier. Ils ont été reconnus Justes parmi les Nations le 19 octobre 2009 2009.
Autre exemple de sauvetage, celui perpétré par Marius et Marie-Jeanne Amphoux, propriétaires d’un café à Marseille. Le couple vit dans un appartement situé juste au-dessus de l’établissement et dispose également d’un dépôt, qu’il loue à des frères juifs du Vieux-Port de Marseille, Max et Adolphe Scher. Lors de la rafle de janvier 1943, les époux Amphoux accepteront de cacher odette, la jeune sœur, Odette Scher, 13 ans à l’époque et d’aider sa mère, Feiga, à trouver un endroit sûr dans l’arrière-pays, en raison de son faible état de santé. Ils seront reconnus Justes parmi les Nations le 31 décembre 1998.
Le 10 mars, les 786 raflés de Marseille ont été envoyés à Drancy avant d’être déportés pour Sobibor par les convois 52 du 23 mars 1943 et 53 du 25 mars 1943. A la fin de la guerre, il ne restera aucun survivant du convoi 52 et 5 rescapés du convoi 53.