A la fin de la Seconde Guerre mondiale et avec la défaite de l'Allemagne, les Alliés sont surpris de découvrir des centaines de milliers de Juifs rescapés de la Shoah. Certains ont échappé au nazisme, cachés dans la clandestinité, d’autres ont réussi à survivre aux ghettos ou aux camps. Quand sonne l’heure de la libération, beaucoup n'ont nulle part où aller : leurs maisons, familles, amis, villages et villes ont été anéantis. Dans certains endroits, en particulier en Europe de l'Est, ceux qui tentent de rentrer chez eux sont confrontés à l'antisémitisme et à une violente hostilité : comme à Kielce où 42 Juifs revenus de l’horreur nazie sont tués par des Polonais lors du pogrom du 4 juillet 1946.
Les Juifs sont alors placés alors dans des centres de rassemblement ou des camps de personnes déplacées (DP), dans les zones occupées d'Allemagne, d'Autriche et d'Italie. Les premiers sont des rescapés des camps libérés par les Alliés sur le sol allemand. Puis, jusqu'à la seconde moitié de 1946, un mouvement de réfugiés d'est en ouest s’intensifie. Début 1947, le nombre de personnes déplacées juives se stabilise autour de 210 000 : la plupart – environ 175 000 – se trouvent alors en Allemagne, dans la zone américaine.
Les camps de personnes déplacées fermeront leurs portes en 1950. Avec la création de l'État d'Israël en 1948 et des changements dans la législation américaine sur l'immigration, de nombreux réfugiés juifs vont émigrer : la plupart partiront en Israël, un tiers vers les États-Unis, et plusieurs milliers en Europe, y compris en Allemagne, pour rétablir les communautés détruites pendant la Shoah.
Libération progressive et désir d’une vie normale
Au début, particulièrement, les conditions d'internement sont difficiles. Il s’agit d’anciens camps de concentration réquisitionnés pour accueillir les survivants. Beaucoup de rescapés, libérés par les forces alliées, resteront des mois après la libération, toujours derrière des barbelés, souffrant de pénuries de nourriture, de vêtements, de médicaments. Les taux de mortalité sont très élevés. A Bergen-Belsen, un tristement célèbre camp de concentration transformé en camp de personnes déplacées, on comptera plus de 23 000 morts dans les trois mois suivant la libération.
Malgré les difficultés, les réfugiés juifs ont le désir de retrouver une vie normale. Pour les rescapés de la Shoah, la meilleure revanche consiste à reconstruire leur vie, rétablir les familles déchirées, avoir des enfants, élever une nouvelle génération de Juifs pour compenser ceux anéantis par les nazis.
Progressivement, la vie dans les camps de personnes déplacées s’organise, avec vitalité et intensité, comme pour rattraper le temps perdu. Les réfugiés mettent en place des initiatives éducatives avec des formations professionnelles ou des écoles de fortune. Mais aussi des activités sociales et culturelles, y compris des journaux et magazines, publiés en yiddish. On voit fleurir des orchestres et des pièces de théâtre, interprétées par les réfugiés eux-mêmes. La vie religieuse reprend également ses droits, conférant un cadre juif aux rescapés. Les fêtes sont célébrées et des offices se créent.
Le camp de personnes déplacées de Leipheim ouvre en décembre 1945. Situé en Allemagne, près de Munich, il accueille principalement des réfugiés d'Europe de l'Est, logés dans des bâtiments qui servaient auparavant à l'armée de l'air allemande. Il compte un Talmud Torah (école élémentaire religieuse), un Mikvé (bain rituel juif) et une Yeshiva (centre d’études religieuses).
Sur les photos, les célébrations de la fête de Shavouot en 1947, avec, au programme : chants, danses, interlude musicale, parade et représentation théâtrale. Le camp de Leipheim fermera ses portes en juin 1950.