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À l'époque moderne, l'antisémitisme met en évidence les clivages économiques, sociaux ou politiques et gagne du terrain. Une combinaison d'antisémitisme racial et de darwinisme social investit l'antisémitisme traditionnel auquel il donne une image nouvelle et dynamique.
Au milieu du dix-neuvième siècle, les théories raciales deviennent prépondérantes en Europe et plus particulièrement en Allemagne. Le terme même d'« antisémitisme » désignant l'antipathie pour les Juifs en raison de leur appartenance à une race spécifique et non en tant qu'adeptes d'une autre religion ou détenteurs d'une autre nationalité est introduit pour la première fois en Allemagne par des antisémites dans les années 1870.
Pourtant, ce n'est que dans les années 1930, avec la montée en puissance du national-socialisme et l'arrivée d'Adolf Hitler au pouvoir en Allemagne, que l'antisémitisme racial devient un instrument politique aux mains des masses avant de devenir politique officielle d'un Etat moderne. Désormais, l'essence de la judaïté est considérée comme biologique. Jusqu'alors, un Juif pouvait en théorie éviter les persécutions en s'assimilant, en renonçant aux coutumes de sa tradition ou en embrassant une autre foi. L'élément racial élimine désormais toutes ces hypothèses. La nouvelle vision raciale définit le peuple allemand comme la branche la plus pure et la plus accomplie de la race aryenne nordique (avec les peuples nordiques scandinaves) et les Juifs comme une race de sous-hommes qui s'efforcent de saper l'ordre « naturel » du monde et de priver la « race supérieure » de sa position dominante. Sans le triomphe de la race « aryenne » et l'établissement de sa suprématie, les Juifs pourraient entraîner l'anéantissement de la race humaine.