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Maroc et Algérie
Au lieu de démobiliser ces 40 000 hommes, le régime de Vichy, dès son arrivée au pouvoir, transforme ces unités de CTE en 100 groupes de travailleurs étrangers (GTE) qui travailleront sans rémunération dans l'industrie et l'agriculture. 8 000 travailleurs étrangers, dont un grand nombre de Juifs, se retrouvent dans des camps nouvellement créés en Afrique du Nord, où ils contribuent à construire la voie ferrée transsaharienne reliant Alger à Dakar. Outre les GTE, les camps d'Afrique du Nord abritent aussi les « indésirables » du régime, qui comprennent les communistes, les Républicains espagnols et les Juifs, lesquels constituent 10% des internés des camps. Dès le début de l’année 1941, Vichy déporte, des camps d'internement du sud de la France (tels qu'Argelès et Le Vernet) vers l'Algérie, les plus « indésirables », ceux qui sont considérés comme trop dangereux pour la sécurité publique. Djelfa est le plus grand de ces camps. Le premier convoi au départ de France et à destination de Djelfa est constitué de 292 « indésirables » dont 35 Juifs allemands. Situé dans le désert, le camp de Djelfa est édifié à partir de rien dans des conditions inhumaines. La nourriture et l’eau courante sont insuffisantes et les scorpions envahissent les tentes. Finalement, Vichy établit aussi des camps d'internement dans les territoires sahariens d’Algérie et du Maroc, pour les étrangers fuyant l'Europe de l'Est. L'avocate juive et agent humanitaire Hélène Cazès-Benattar met en place un programme de secours aux réfugiés pour aider les réfugiés juifs dans chaque type de camp.
Tunisie
L'invasion nazie de la Tunisie en novembre 1942 conduit à l'internement et à l’enrôlement forcé de milliers d'hommes juifs tunisiens, durant les six mois d'occupation. La campagne de bombardements des Alliés qui vise des lieux d'importance stratégique en Tunisie, conduit les Allemands à exiger les travaux forcés pour les hommes juifs âgés de 17 à 50 ans. 5 000 d’entre eux sont envoyés dans des camps de travaux forcés à travers le pays et la communauté juive est chargée de subvenir à leurs besoins. Les travailleurs juifs construisent des routes, réparent des aéroports, transportent des munitions sur la ligne de front pour la Wehrmacht, élèvent des fortifications et creusent des tranchées. La majorité des Juifs envoyés aux travaux forcés viennent de milieux modestes. Au camp de Bizerte, les Juifs travaillent à fortifier le port et à construire des routes. En janvier 1943, le camp abrite 1 050 Juifs, sous le contrôle des Allemands. Une police juive est chargée du maintien de l’ordre à l'intérieur du camp. L'aéroport d'El-Aouina et le port de Bizerte sont les cibles de bombardements alliés intenses et quotidiens. De nombreux Juifs sont tués sur ces sites alors qu'ils sont astreints aux travaux forcés. Différentes stratégies sont adoptées par la communauté juive pour faire sortir les prisonniers des camps. A la Libération, il n'en reste plus que 1 500.
Libye
Suite à un décret de Mussolini, les Juifs de Cyrénaïque (Benghazi compris) sont internés durant l'été et l'automne 1942. Les Juifs ayant la nationalité française ou britannique sont envoyés dans des camps situés en Tunisie et en Italie. Plusieurs centaines de Juifs libyens de nationalité britannique sont déportés à Bergen-Belsen via l'Italie. 2 600 Juifs de nationalité libyenne sont incarcérés dans le camp de concentration de Jado, un ancien camp militaire situé à 235 kilomètres au sud de Tripoli. Le camp est complètement surpeuplé, l'eau manque et il n'y a quasiment rien à manger. Les hommes sont affectés à des travaux forcés, dans le désert, dans des conditions exténuantes. Au total, 500 Juifs y mourront du typhus, de faim et d'épuisement. Ils seront enterrés dans un cimetière juif du dix-huitième siècle situé à proximité du camp.