Afrique du Nord et Moyen-Orient

Afrique du Nord française

Alors que l'Algérie fait techniquement partie de la France, le Maroc et la Tunisie sont des protectorats et ont chacun un monarque au nom duquel les lois doivent être promulguées. Au Maroc, le sultan Mohammed V autorise les lois raciales de Vichy, le Bey Ahmed II fait de même en Tunisie. Malgré l'éloignement géographique avec la France métropolitaine, Vichy cherche activement à faire appliquer ses décrets raciaux en Afrique du Nord. Xavier Vallat, chef du Commissariat général aux questions juives, se rend même dans la région durant l’été 1941. Il dépêchera plus tard des représentants au Maroc, en Algérie et en Tunisie pour s’assurer que les mesures anti-juives sont bien appliquées.

Les lois antisémites vont plus loin en Afrique du Nord qu’en France. Un quota limitant le nombre d'enfants juifs est instauré dans les écoles primaires et secondaires d’Algérie, une mesure que Vichy n’essaiera pas de faire adopter en métropole. En Afrique du Nord, l'aryanisation commence au début de l’année 1942. Les médecins, les avocats et les producteurs de cinéma juifs sont les premiers à être pris pour cibles et exclus.

De manière générale, la propagande antisémite de Vichy est très populaire chez les colons européens, mais n'a que peu d'effets sur la population musulmane. L’association des anciens combattants de Vichy, la Légion française des combattants, sera particulièrement active dans les campagnes menées contre les Juifs en Afrique du Nord.

Libye

À partir de 1940, les lois raciales italiennes sont rapidement appliquées, privant les Juifs de l'accès à la fonction publique et à une multitude de professions à haut niveau de qualification et interdisant aux enfants juifs de fréquenter les établissements scolaires. En février 1941, les forces britanniques reprennent temporairement Benghazi alors aux mains des Italiens. La réaction euphorique de la population juive ne passe pas inaperçue. Après la reconquête de Benghazi en avril 1941, les Juifs sont immédiatement accusés de trahison. Des actes de pillage et de sévères représailles s’ensuivent. Sur ordre de Mussolini, 2 500 Juifs originaires de Benghazi et de ses environs sont déportés à Giado et dans d’autres camps d'internement.

Irak

L'Irak abrite à cette époque une importante communauté juive de 120 000 âmes. Au printemps 1941, Rachid Ali al-Gillani, un avocat pro nazi, s’empare du pouvoir, alors aux mains de la famille royale. Les Britanniques répliquent en occupant le pays, obligeant Rachid Ali à prendre la fuite. A la fin du mois de mai 1941, entre la fuite de Rachid Ali et le retour de la famille royale, un vide politique s’installe et aucune autorité officielle n'est en mesure d'assurer l'ordre public. Le 1er juin 1941, pendant la fête juive de Chavouot, les Juifs de Bagdad sont brutalement attaqués par des nationalistes irakiens lors d'un pogrom. Cette attaque, connue sous le nom de Farhoud (en arabe « dépossession violente »), fait 179 victimes ainsi que plusieurs centaines de blessés parmi les Juifs. Des biens juifs sont également volés et détruits.

La menace nazie sur le Moyen-Orient

Hajj Amin Al Husseini, le mufti de Jérusalem, exprime son soutien au régime nazi dès 1933. En octobre 1937, il se réfugie en Irak où il joue un rôle central dans l'organisation de l'insurrection pro nazie d'avril 1941. Après l’échec de l’insurrection, il s'exile en Allemagne et se met au service des forces de l'Axe (l'Allemagne nazie et ses alliés) dans leur guerre contre les Alliés. Husseini diffuse des tracts de propagande anti-juive particulièrement venimeux et tente de persuader les forces de l'Axe d'accélérer la mise en oeuvre de leurs projets d'extermination au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Au printemps 1943, il recrute et forme des unités bosniaques musulmanes en Croatie qui prennent part aux combats sous les ordres de la SS.