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France
La défaite de la France en juin 1940, l'armistice signé avec l'Allemagne - qui entraîne la division du territoire français entre zone occupée et zone non occupée - et l'inauguration du régime autoritaire de Vichy conduit par le maréchal Pétain dans la zone non occupée, marquent le début d'une nouvelle ère pour les Juifs de France qui sont immédiatement pris pour cible. Au cours de l'été 1940, de nouvelles lois sont adoptées pour déchoir de la citoyenneté française les immigrants récemment arrivés, tandis que les fonctionnaires nés d'un père étranger sont relevés de leurs fonctions. Une loi antérieure interdisant la publication dans la presse d'attaques à caractère racial ou religieux est abrogée, donnant carte blanche aux journalistes pour lancer contre les Juifs des attaques perfides. La majorité des Juifs de France ne possèdent pas la citoyenneté française et les politiques qui leur sont appliquées sont donc plus sévères qu'à l'égard des citoyens français.
La zone occupée
En zone occupée, la présence allemande rend immédiatement la menace beaucoup plus tangible que dans le Sud. En septembre 1940, les Allemands font passer des lois, s'appliquant à la zone occupée, qui visent les biens juifs et obligent les Juifs à se faire recenser. Les mesures allemandes contre les Juifs s'intensifient à mesure que l'occupation s'installe. Les rafles, essentiellement de Juifs étrangers, effectuées par la police française, deviennent de plus en plus régulières. Lors de la première d'entre elles, l'infâme rafle dite "du Billet vert" en mai 1941, les Juifs étrangers sont arrêtés et envoyés dans les camps de Pithiviers et de Beaune-la-Rolande, dans le Loiret. Une série de lois distinguant entre les Juifs et le reste de la population les empêchent désormais de mener une vie normale. Les Juifs ne peuvent voyager qu'à bord du dernier wagon dans le métro, ils n'ont pas le droit de se rendre dans les lieux publics, parcs et musées inclus, et ne sont autorisés à faire leurs achats qu'à certaines heures de la journée. En juin 1942, le port de l'étoile jaune devient obligatoire dans la zone occupée pour tous les Juifs âgés de plus de six ans. Craignant pour leur sécurité, de nombreux Juifs quittent Paris à ce moment-là. Certains cherchent à franchir la ligne de démarcation pour rejoindre la zone non occupée, d'autres pensent qu'ils seront plus à l'abri à la campagne.
La zone non occupée
Les Juifs de la zone non occupée sont immédiatement accusés d'être responsables de la défaite catastrophique de la France face à l’Allemagne. En octobre 1940, le gouvernement de Vichy promulgue le premier « Statut des Juifs » qui définit ce qu’est un Juif et interdit aux Juifs l'accès à la fonction publique. Les Juifs étrangers, plus spécifiquement ciblés, sont alors internés dans des camps. Le plus grand de ces camps est celui de Gurs dans les Pyrénées. Le « Statut des Juifs », qui est une initiative française, est adopté sans aucune pression de la part des Allemands.
Une série de lois visant à mettre les Juifs en marge du reste de la population sont rapidement adoptées. Le Commissariat général aux questions juives, dirigé par Xavier Vallat est chargé de faire appliquer les lois raciales et d’en proposer de nouvelles. En juin 1941, un deuxième « Statut des Juifs » vient allonger la liste des professions interdites aux Juifs et ouvre la voie à un recensement obligatoire des Juifs dans la zone non occupée. La spoliation et les mesures d'aryanisation sont progressivement introduites, interdisant aux Juifs de posséder des biens et les forçant à transférer ce qui leur appartient entre des mains aryennes. À la fin de l’année 1941, toutes les associations juives sont officiellement dissoutes et placées sous l'égide d'une organisation-cadre, l'Union Générale des Israélites de France (UGIF), qui devient une sorte de Conseil juif (Judenrat).
Entre 1940 et l'été 1942, de nombreux Juifs possédant la citoyenneté française vivent dans le désarroi et l'incertitude. Les Juifs français ne sont ni raflés ni internés. Les Juifs de la zone non occupée ne sont pas astreints au port de l'étoile jaune et les institutions religieuses juives restent ouvertes. Cette ambigüité initiale est cependant de courte durée. Un changement de politique viendra garantir par la suite que tous les Juifs français soient visés par l’internement et la déportation.
Belgique
L'invasion allemande de la Belgique au printemps 1940 entraîne l'exode de deux millions de Belges vers le Sud, à travers la France. Parmi eux, dix ou quinze mille Juifs belges, qui seront nombreux à demeurer dans le sud de la France. La Belgique est directement placée sous contrôle militaire allemand. En octobre 1940, les Allemands promulguent des lois discriminatoires contre les Juifs, les obligeant à se faire enregistrer et les excluant de la fonction publique et d'autres professions. Au cours du printemps et de l'été 1941, les biens et les entreprises juifs sont confisqués et aryanisés.
À Anvers, à la différence de Bruxelles, les Allemands sentent dès le début que leurs mesures anti-juives bénéficient de l'appui des autorités municipales et de la population locale. Des attaques contre les Juifs ont déjà eu lieu à Anvers, plus tôt que dans le reste de la Belgique. Fin 1940 et début 1941, quelque 3 000 immigrants juifs récemment arrivés à Anvers sont déportés vers une région rurale de la province de Limbourg. Le 14 avril 1941, un pogrom est perpétré à Anvers par des groupes flamands pro nazis. Des synagogues et des biens juifs sont incendiés et pillés.
Tout au long de cette période, les mesures antisémites ne cessent de s'intensifier. Durant l’automne 1941, les nazis créent l'Association des Juifs en Belgique (AJB), une sorte de Judenrat imposé aux Juifs de Belgique. Sa fonction principale est d'enregistrer les Juifs du pays en vue des travaux forcés et de la déportation vers les camps d'extermination. L'étoile jaune est introduite en mai 1942.