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La Shoah remet en question les normes sociales établies, les valeurs et les rapports entre les gens. Elle entraîne un affaiblissement des liens de solidarité au sein de la société juive. Dans un contexte où chaque Juif est l'objet de persécutions et de menaces de destruction, l’instinct de survie devient prédominant. Pourtant, malgré ces conditions, de nombreux Juifs risquent leurs vies pour sauver d'autres Juifs – tant des membres de leur famille que de parfaits inconnus. Plus d’une fois, ils laissent passer une chance de s'enfuir afin d'aider d'autres Juifs.
Des organisations juives tentent de sauver des Juifs en les faisant sortir clandestinement des camps, en versant pour eux des rançons, en les plaçant dans des institutions pour enfants ou chez des particuliers, ou en organisant leur émigration au départ des pays se trouvant sous la domination des nazis et de leurs collaborateurs. Toutes ces stratégies sont largement employées en Belgique et en France. En Belgique, le Comité de Défense des Juifs (CDJ) prend la responsabilité du sauvetage des enfants juifs, les cachant souvent dans des institutions catholiques. La création du CDJ, qui réunit des Juifs de toutes sensibilités politiques, est un immense exploit. Le CDJ met en place un réseau sophistiqué de cachettes pour les enfants juifs. Il dispose aussi d’un service de fabrication de faux papiers. Le CDJ travaille en étroite collaboration avec des organisations non juives et permettra au total le sauvetage de près de 4 000 enfants.
En France, le sauvetage des enfants juifs est pris en charge par les Eclaireurs Israélites de France (les EIF) et l'Oeuvre de Secours aux Enfants (OSE). Suite aux rafles massives effectuées par la police française en zone non occupée en août 1942, les EIF établissent un service social clandestin, du nom de la Sixième, qui se transforme en organisme de sauvetage. Ils procurent de fausses cartes d'identité aux enfants juifs, les placent en sûreté dans des maisons ou les font passer en Suisse ou en Espagne. Le travail de l'OSE est, lui aussi, remarquable. Les terribles évènements de l'été 1942 transforment l'OSE de manière irréversible, d'un groupe de maisons d'enfants en un réseau illégal de sauvetage. Le docteur Joseph Weill, directeur des services médicaux de l'OSE, engage Georges Garel, un ingénieur juif lié à la cellule de résistance « Combat », pour commencer à faire sortir les enfants juifs des maisons d'enfants de l'OSE et à les disperser dans des institutions chrétiennes ou dans des familles. Garel travaille en étroite collaboration avec Andrée Salomon pour identifier et localiser des organisations chrétiennes disposées à prendre en charge des enfants juifs. Le réseau Garel protège les enfants en leur délivrant de faux papiers, leur fabriquant ainsi de nouvelles identités. Cela se fait souvent en coopération avec la Sixième, la cellule de résistance des EIF. A la Libération, celle-ci aura réussi à sauver 5 000 enfants juifs.
Des Juifs vivant sous des identités d’emprunt réussissent à sauver d'autres Juifs en les aidant à se cacher, en leur transmettant des informations, en les faisant passer clandestinement dans des régions situées à l’extérieur de la sphère d’influence nazie et en obtenant pour eux des faux papiers attestant qu'ils sont ouvriers ou manœuvres, chrétiens, et indispensables à l'économie de guerre allemande. Certains Juifs tentent de retarder et d'empêcher la déportation des Juifs vers les camps de la mort en négociant avec de hauts responsables nazis ou avec des régimes collaborant avec les nazis. Des Juifs vivant dans les ghettos et les camps de concentration établissent des organismes d'entraide sociale qui viennent en aide aux orphelins juifs ou à d'autres personnes ayant des besoins particulièrement criants. De nombreux Juifs seront ainsi sauvés de la mort.