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France occupée
La nomination de Pierre Laval en tant que Premier ministre du régime de Vichy en avril 1942 conduit à un renforcement de la collaboration entre la France et l'Allemagne. De ce fait, le nombre de Juifs déportés de France pendant l'année 1942 sera plus élevé que durant toutes les autres années de l'Occupation : entre le 5 juin et le 11 novembre 1942, 40 839 Juifs sont déportés dans des camps à l’Est.
Au début du mois de juillet, les Allemands exigent la déportation de 28 000 Juifs étrangers ou apatrides de la zone occupée. Les 16 et 17 juillet 1942, près de 4 000 policiers français effectuent des descentes dans des immeubles situés dans l'Est de la capitale, secondés par plusieurs centaines de militants du PPF (Parti populaire français) de Jacques Doriot. L'opération, connue à l'époque sous le nom de « Vent printanier », a été planifiée avec soin. Les Allemands ne demandent la déportation que des Juifs âgés de plus de seize ans mais le Premier ministre Laval s'oppose à ce que les familles soient séparées et ce sont donc des familles entières qui se trouvent déportées. La majorité des 13 152 victimes de ces rafles sont des femmes et des enfants. La plupart des policiers procèdent aux rafles avec zèle et ils ne sont que deux ou trois à présenter leur démission.
Les hommes et les femmes sans enfants sont directement conduits dans des camps d'internement (Drancy et Pithiviers). Les Juifs qui se trouvent déjà à Pithiviers sont déportés à Auschwitz le 17 juillet pour faire place aux nouveaux arrivants. Ceux qui ont des enfants sont emmenés au Vélodrome d'Hiver, un stade de course cycliste couvert, situé non loin de la tour Eiffel. Les Parisiens sont au courant des arrestations, les Juifs étant transportés à travers Paris en plein jour.
Près de 8 000 Juifs sont incarcérés au Vél' d'Hiv' pendant près d'une semaine, dans la chaleur du mois de juillet et dans des conditions épouvantables. Il n'y a ni matelas ni eau courante et l'approvisionnement en nourriture est insuffisant. Les toilettes sont rapidement bouchées et les prisonniers contraints de se soulager sur le sol. La puanteur est insupportable. Au bout d'une semaine, les Juifs sont transférés à Pithiviers et Beaune-la-Rolande.
Entre le 31 juillet et le 7 août, les parents sont brutalement séparés de leurs enfants et déportés à Auschwitz. Les enfants, tous âgés de moins de 16 ans, demeurent à Pithiviers et Beaune-la-Rolande, livrés à eux-mêmes. Entre le 17 et le 31 août, les quelques 3 000 enfants du Vél' d'Hiv' sont déportés à Auschwitz, à bord de six convois, en compagnie d'autres déportés qui sont pour eux de parfaits étrangers.
Zone non occupée
Afin d'atteindre le quota requis et d'apaiser les Allemands, le gouvernement de Vichy autorise en août 1942 l'organisation, en zone non occupée, d'une série de rafles qui vont marquer le début des déportations au départ de cette zone dite « libre ». Au cours des mois d'août et de septembre, dix mille Juifs étrangers sont appréhendés à domicile ou transférés depuis les camps d'internement situés dans le sud. Ils sont embarqués dans des trains à destination de Drancy où ils sont incarcérés plusieurs jours avant d'être déportés vers l'Est.
Les rafles et déportations qui ont lieu dans le sud n'affectent dans un premier temps que les Juifs étrangers. Les choses évoluent lorsque les Allemands envahissent la zone non occupée en novembre 1942. La rafle des Juifs de Marseille en janvier 1943 vise également des citoyens nés français et des citoyens naturalisés. Désormais et jusqu'à la Libération au cours de l'été 1944, tous les Juifs, sans distinction de nationalité, seront pris pour cible. Durant cette période, l'adoption par Vichy de nouvelles lois anti-juives se poursuit. Dès la fin de l'année 1942, les Juifs doivent faire apposer un tampon « Juif » sur leurs papiers d'identité et leurs cartes d'alimentation. La traque de biens et d'entreprises juifs en vue de leur aryanisation s'intensifie, visant les propriétaires juifs même après leur déportation, et la presse antisémite continue à prospérer.
Pendant l'occupation, 75 721 Juifs (sur un total d’environ 330 000) sont déportés de France à bord de 79 convois ferroviaires. Ils ne seront que 2 000 à revenir des camps de l’Est. Aux Juifs déportés, s’ajouteront 3 000 Juifs ayant succombé dans des camps d'internement français et près de 1 000 autres, exécutés par le régime de Vichy ou les forces allemandes pour avoir participé à des activités de résistance.
Belgique
En juillet 1942, un camp de transit est établi à Malines. On trompe les Juifs pour les encourager à se présenter de leur plein gré à Malines sous prétexte de les enregistrer pour les travaux forcés. Cette stratégie sera ensuite abandonnée et remplacée par des rafles. La première rafle de Juifs a lieu le 22 juillet 1942.
Entre 1942 et 1944, les Juifs de Belgique sont déportés du camp de transit de Malines à Auschwitz. Une intervention de la reine mère Élisabeth permet, au moins dans un premier temps, que seuls les Juifs étrangers et apatrides soient déportés.
La collaboration avec des groupes flamands et rexistes favorables aux nazis contribue au succès des rafles menées contre les Juifs. Les nazis peuvent compter sur le Vlaams Nationaal Verbond (Ligue nationale flamande) pour terroriser la population locale.
Entre 1942 et 1944, 26 053 déportés dont 351 Tsiganes quittent Malines à bord de 28 convois. Les femmes et les enfants représentent plus de la moitié des prisonniers. 567 personnes réussissent à s'évader des trains. Près de 44% de la population juive de Belgique sera déportée.
Pays-Bas
Le sort des Juifs des Pays-Bas sera pire encore que celui des Juifs des autres pays d'Europe de l'Ouest. Une première série de lois visant à marginaliser les Juifs est votée entre 1940 et 1942 et la persécution à leur égard s'intensifie avec l'instauration du port obligatoire de l'étoile jaune en mai 1942 et l'apparition de la lettre « J » sur leurs cartes d'identité au mois de juillet. Les premiers trains quittent le camp d'internement de Westerbork en juillet 1942. Entre juillet 1942 et septembre 1944, 93 trains quittent les Pays-Bas, pour la plupart à destination d’Auschwitz et de Sobibor. À partir d'avril 1943, les Juifs des Pays-Bas ne sont plus autorisés à vivre à l'extérieur d'Amsterdam ou des deux camps de transit de Westerbork et de Vught. A la Libération, 107 000 Juifs ont été déportés des Pays-Bas – soit près de 80% des 140 000 Juifs du pays.
Plusieurs raisons expliquent l'importance du nombre de déportés parmi les Juifs néerlandais : la chasse aux Juifs menée par la Sicherheitspolizei et ses alliés hollandais est plus rigoureuse que dans d'autres pays ; jusqu'au printemps 1943, il n'y a que peu de résistance organisée face aux nazis ; les cartes d'identité hollandaises sont particulièrement difficiles à contrefaire et la bureaucratie hollandaise, qui parvient à enregistrer la population juive, fournit aux Allemands une aide particulièrement efficace ; enfin, il est plus difficile pour les Juifs des Pays-Bas de trouver des abris clandestins, le pays étant densément peuplé, plat et peu boisé. De plus, contrairement à la situation qui prévaut ailleurs, tous les pays frontaliers des Pays-Bas se trouvent sous contrôle allemand.
Danemark
Au Danemark, l'occupation allemande est d'une autre nature. Le pays est supposé être un protectorat modèle. Il n'est pas placé sous contrôle militaire direct et contrairement à la France, il est en mesure de conserver des institutions démocratiques. La décision allemande de viser les Juifs intervient plus tardivement au Danemark que dans d'autres pays d'Europe de l'Ouest. L'Allemagne prend le contrôle des affaires intérieures du pays en août 1943, suite à la démission du gouvernement danois. La décision de déporter les Juifs du Danemark est prise en octobre 1943. Durant les semaines qui suivent, la population danoise facilite le sauvetage de 7 200 Juifs, qui sont conduits en Suède par des pêcheurs danois. 472 Juifs, hommes, femmes et enfants, seront néanmoins déportés à Theresienstadt.