« Je leur donnerai dans ma maison et dans mes murs un monument et un nom ("yad vashem")... qui ne s'effacera jamais. »
Isaïe, chapitre 56, verset 5
Etabli en 1953 par une loi de la Knesset (Parlement israélien), Yad Vashem - l'Institut international pour la mémoire de la Shoah – s’est vu confier la noble tâche de commémorer, documenter, rechercher et enseigner la Shoah. Parmi ses missions : perpétuer la mémoire des six millions de Juifs assassinés par les nazis et leurs collaborateurs, celle des communautés juives détruites, ou des combattants des ghettos et des mouvements de résistance. Mais aussi, rendre hommage aux Justes parmi les Nations, ces non-Juifs qui ont risqué leur vie pour sauver des Juifs durant la Shoah.
Situé sur le Mont du souvenir à Jérusalem, le site de Yad Vashem s'étend sur près de 18 hectares. A son actif : plusieurs musées, des centres consacrés à la recherche et à l'enseignement, et des monuments commémoratifs. On peut citer le Musée d'histoire de la Shoah, le Musée d'art, le Pavillon des expositions, la Crypte du souvenir, la Vallée des communautés ou le Mémorial des enfants.
Chaque année, Yad Vashem accueille 1 million de visiteurs. Et des millions d'internautes consultent son site Internet, désormais disponible en huit langues.
L’intérêt pour l’histoire de la Shoah et sa signification, tant pour le peuple juif que pour le reste de l’humanité, ne cesse de croître au niveau international. Dans ce contexte, et à une époque où les outils disponibles pour la commémoration connaissent de profondes transformations, Yad Vashem s’efforce d’assurer la transmission de la mémoire de la Shoah et de sa signification aux générations à venir. Un défi de taille, soixante-quinze ans après la Seconde Guerre mondiale. Pour le mener à bien, Yad Vashem a créé un environnement multidimensionnel basé sur quatre piliers.
La documentation
La documentation est l’un des piliers clés de Yad Vashem, qui forme la structure sur laquelle repose le travail de commémoration. Avec le recueil et le transfert de documents en provenance d'Europe et d'Afrique du Nord, ou l'enregistrement de témoignages des survivants, l’Institution peut se targuer de posséder le fonds documentaire le plus vaste jamais établi au sujet de la Shoah.
Le bâtiment ultra moderne des Archives et de la bibliothèque abrite aujourd'hui des centaines de millions de pages de documentation, photographies et témoignages écrits, audio et vidéo. Les efforts accomplis pour retrouver les noms et les histoires de chacune des victimes de la Shoah se poursuivent et la base de données centrale des noms des victimes de la Shoah recense aujourd’hui plus de 4,8 millions de victimes. Leurs identités proviennent, pour un peu moins de la moitié, des Feuilles de témoignage (plus de 2,7 millions ont été soumises à ce jour), le reste ayant été glané dans les listes et autres documents d'archives.
La bibliothèque de Yad Vashem contient la plus vaste collection au monde de publications relatives à la Shoah et permet aux chercheurs, aux éducateurs et au grand public d'accéder à une très grande variété d'ouvrages portant sur cet évènement fondamental de l'histoire moderne.
Le centre de documentation visuelle de Yad Vashem est le principal vivier d'œuvres cinématographiques liées à la Shoah. Il offre l’accès aux témoignages des survivants ou à toutes sortes de films relatifs à la Shoah - documentaires, long-métrages, films de famille, films d'animation, actualités et autres. Des recherches via sa base de données permettent de visionner l'intégralité de la collection.
La recherche
Le Centre international de recherche sur la Shoah encourage, soutient et met en avant les études scientifiques au sujet de la Shoah. Ses projets aident à poser les fondations pour de prochaines investigations sur les évènements tragiques de la Shoah. Non seulement ils proposent des sources d'information mises à jour, mais ils encouragent d'autres chercheurs à entreprendre de nouvelles études.
A travers ses ateliers, séminaires, et la pléthore de publications dont il assure la parution et la diffusion, le Centre de recherche favorise le débat scientifique et apporte de nouveaux éclairages sur les thèmes essentiels de la Shoah. Plusieurs centres de recherche spécialisés se concentrent sur des zones comme l’ex-URSS, la Pologne et l'Allemagne, et sur les conséquences immédiates de la Shoah et sa commémoration à travers le monde.
L'Institut publie également une revue scientifique semestrielle intitulée Yad Vashem Studies qui propose des articles pointus sur la Shoah, ainsi qu'une trentaine d'ouvrages par an qui incluent aussi bien des encyclopédies et des études approfondies que des mémoires et autres journaux intimes de survivants.
L’enseignement
L’Ecole internationale pour l’enseignement de la Shoah - seul établissement de ce type au monde - propose de multiples activités aux élèves, étudiants et enseignants en matière d'enseignement de la Shoah. Elle met au point des méthodes pédagogiques innovantes, des supports éducatifs créatifs et des outils multimédia sur mesure pour les enseignants du monde entier.
Chaque année, des centaines de milliers d'élèves, d'étudiants et d'enseignants, venus d'Israël et des quatre coins du globe, prennent part à Yad Vashem à des programmes de formation et à des séminaires intensifs, et des milliers d'autres bénéficient de tout un éventail de formations, soit en ligne, soit dans leurs pays d'origine.
Des colloques internationaux offrent aux pédagogues du monde entier un lieu de rencontre, l'opportunité d'étoffer leurs connaissances sur la Shoah, des outils de transmission, ainsi que la possibilité de développer leur réseau professionnel en faisant la connaissance de nouveaux collègues.
Des sessions de préparation pour élèves, étudiants et officiers de l'armée israélienne en amont d’un voyage en Pologne ont également lieu tout au long de l'année.
Le Centre d'étude ou « Centre de réflexion sur les questions essentielles suscitées par la Shoah » propose une expérience éducative interactive qui permet aux visiteurs de se pencher sur les problématiques et les dilemmes historiques et moraux suscités par la Shoah.
La commémoration
Elément central du complexe muséographique de Yad Vashem : le Musée d'histoire de la Shoah, qui décrit l’histoire d’un point de vue collectif, celui du peuple juif, et personnel, à travers des objets d'époque, des écrits et des documents ayant appartenu aux victimes ou des témoignages de rescapés.
Autre composante majeure du site : le Musée d'art de la Shoah, qui abrite la plus vaste collection au monde d'œuvres d'art réalisées pendant ou immédiatement après la guerre. Plus loin, le Pavillon des expositions présente des expositions temporaires sur des thèmes spécifiques, et une Synagogue accueille des visiteurs, seuls ou en groupe, pour s’y recueillir ou participer à des cérémonies en souvenir des communautés juives décimées. Le lieu abrite des arches saintes et des objets de culte juifs en provenance des synagogues européennes détruites.
Tout au long de l’année, Yad Vashem organise des dizaines de cérémonies de commémoration, souvent en lien avec des associations de survivants, en mémoire des victimes de la Shoah et des communautés juives détruites. Parmi les temps forts : Yom Hashoah, la Journée du souvenir de la Shoah et de l'héroïsme, qui rassemble chaque année le président et le Premier ministre de l'Etat d'Israël, mais aussi des dignitaires, des diplomates et d'éminentes personnalités du monde entier, venus se joindre aux survivants et à leurs proches, à Yad Vashem.
Parmi les missions de Yad Vashem ancrées dans la Loi de 1953, la reconnaissance des non-Juifs qui ont risqué leurs vies pour sauver des Juifs pendant la Shoah. Dans le cadre d'un programme unique au monde, plus de 27000 sauveurs et sauveuses ont d’ores et déjà été reconnus à ce jour par Yad Vashem comme Justes parmi les Nations et des centaines de nouveaux s’ajoutent à la liste chaque année. Leurs histoires sont régulièrement mises à jour dans une base de données accessible depuis le site Internet de Yad Vashem, qui inclut informations historiques, photographies et documents relatifs à ces exaltants récits de sauvetage. Elles ont par ailleurs été rassemblées au sein de l'Encyclopédie des Justes parmi les Nations. Certains des noms de Justes figurent sur une plaque nominative au pied d’un arbre planté à leur mémoire, ou sont gravés sur le Mur d’honneur dans le Jardin des Justes.
Yad Vashem en ligne
Le site Internet de Yad Vashem, le plus complet qui soit sur la Shoah, est disponible en huit langues. Son rôle : faciliter l’accès aux données et connaissances sur le sujet aux internautes du monde entier. Outre la production de contenus appropriés en fonction des langues et des publics pour ses sites Internet, Yad Vashem continue à étendre sa présence sur les différents réseaux sociaux - autant d’opportunités pour diffuser des idées et du contenu de manière instantanée, engager le dialogue et faciliter le contact avec un public nombreux et varié.
Parmi les ressources uniques en ligne : des bases de données et de collections documentaires relatives à la Shoah, telles que la Base de données centrale des noms des victimes de la Shoah, forte de 4,8 millions de victimes identifiées jusqu'à présent – le système le plus complet et le plus sophistiqué au monde de recherche de noms de victimes de la Shoah. Mais aussi la vaste Base de données de la déportation, un projet de recherche qui documente les convois de victimes juives depuis les zones sous occupation nazie vers les ghettos, camps de travail, de concentration ou de la mort. Les collections de documents et photos d'archives numérisés sont également accessibles à un public toujours plus nombreux.
Aussi dense soit-il, le site peut compter sur sa présentation claire et efficace pour permettre un accès facilité à ses contenus, non seulement au grand public, mais aussi aux chercheurs qui effectuent des travaux de recherche en lien avec la Shoah.
La numérisation systématique des gigantesques collections de documents, témoignages, photographies, films d'époque et autres pièces d'archives de Yad Vashem se poursuit. Chaque année, des millions de nouvelles pièces sont mises en lignes sur son site Internet pour rendre accessibles toutes les informations dont les Archives sont en possession.