Marthe et Jean Claude Burnat, Le Montcel – Savoie
Marcelle et Marius Ribes, Maury – Pyrénées Orientales
Marie Thérèse et Marius Pallanca, Cagnes sur Mer – Alpes Maritimes
Germaine Retrut, Clermont Ferrand – Puy de Dôme
Emilie et Fernand Deves, Bollène – Vaucluse
Marie et Joseph Alauze, Millau – Aveyron
Antonine, François, Janine, Pierre et Georges TENA, Montségur sur Lauzon – Drome
Et tant d’autres inconnus pourraient encore compléter cette liste. Ce ne sont pas juste des inconnus, mais des Justes parmi les Nations.
Sous la chape de haine et de nuit tombée sur la France dans les années d’occupation, des lumières, par milliers, refusèrent de s’éteindre. Nommés « Justes parmi les nations » ou restés anonymes, des femmes et des hommes, de toutes origines et de toutes conditions, ont sauvé des juifs des persécutions antisémites et des camps d’extermination. Bravant les risques encourus, ils ont incarné l’honneur de la France, ses valeurs de justice, de tolérance et d’humanité. »
La France reconnait votre héroïsme par cette inscription au Panthéon.
Israël reconnait votre héroïsme en gravant vos noms sur le mur des Justes à Jérusalem.
La France vous honore en gravant vos noms sur le mur des Justes au Mémorial de la Shoah à Paris.
Au début de l’année 1943, mon arrière-grand-mère Antonine Tena est informée par son cousin résistant, de la recherche de famille d’accueil pour placer des enfants juifs en zone libre. Sans hésiter, François son mari et Janine, Pierre et Georges ses enfants répondent favorablement à cet appel.
C’est ainsi que, après un long et périlleux voyage depuis Paris, Georgette et sa sœur Thérèse Szerer arrivent à Montségur sur Lauzon durant l’été 1943. Georgette alors âgée de 13 ans intégrera notre famille jusqu’ en 1945.
Au départ de Paris, Georgette et Thérèse furent confiées à un passeur dont la mission était de les conduire jusqu’en Suisse. Abandonnée par celui-ci à Chambery, elles seront placées quelques jours dans un centre d’accueil qui sera dénoncé aux allemands le lendemain de leur départ pour Montségur…
Ce petit village de la drome provençale vivait paisiblement jusqu’à l’arrivée de la guerre en 1939 et la famille Tena travaillait au rythme de la fabrique familiale de ressorts de montres. Des personnes ordinaires, dont rien ne laisser présager l’héroïsme dont ils allaient faire preuve…
Georgette Szerer écrira :
« Les Tena étaient comme une vraie famille pour moi. On déjeunait en famille, j’avais un vélo, je me promenais librement (sauf quand on nous avertissait que des allemands arrivaient et que j’allais dans le maquis), j’avais même du chocolat suisse à 4 heures, j’allais à l’école, j’ai passé mon certificat d’études poussée par Janine. La libération n’a pas été un soulagement pour moi. J’étais tellement heureuse chez les Tena que je ne me rendais compte de rien ».
Un lien simple et sincère sera à jamais scellé entre Janine ma grand-mère et Georgette. Toute leur vie durant, elles garderont un contact fort, comme deux sœurs et qui se perpétue encore aujourd’hui entre nos deux familles.
Jamais ma grand-mère n’a évoqué cette époque autrement qu’avec simplicité et pudeur. Elle a simplement fait ce qu’elle croyait bon et juste, rendant l’acte de sa famille banal alors qu’il était héroïque.
Sauver son prochain au péril de sa vie et celle de sa famille ! Voilà l’illustration de ce que sont les Justes !
Un récent voyage en Israël avec d’autres descendants de Justes, à l’initiative de la Fondation France Israël et du Comité Français pour Yad Vashem, m’a permis de me rendre compte de ce que sont les Justes. De ce qu’ils représentent pour tous les juifs et de la reconnaissance dont ils font preuve quotidiennement.
Au cours de ce voyage nous avons rencontré l’association Aloumim qui veut dire « enfants cachés » en hébreu. Les témoignages reçus des familles de ces enfants cachés resteront à jamais gravés dans ma mémoire. C’est à cet instant que j’ai vraiment pris conscience de ce que représentent les Justes parmi les Nations.
C’est aussi lors de la visite du Mémorial et, tout particulièrement du Jardin des Justes parmi les Nations, que j’ai pu découvrir, gravé dans le marbre, le nom de ma Grand-mère Janine Tena. Quelle émotion mais aussi quelle fierté et quel honneur pour notre famille, au demeurant si modeste et que rien ne destinait à cette ‘mise en lumière’. Si ce n’est l’appel de l’autre.
Nous, descendants de Justes avons la lourde charge de transmettre cet héritage et d’en être digne.
Nous, descendants de Justes parmi les Nations, avons le devoir de faire vivre et connaitre ces personnes qui doivent être un exemple pour tous. La fierté que nous avons d’eux doit nous aider dans cette immense tache.
Une fierté que je porte au nom de ma grand-mère et de sa famille. Un exemple, un chemin de vie qu’ils ont tracé sont leur héritage. Un bel héritage que je tente de porter avec fierté et humilité.
Rien ne peut justifier la guerre, les massacres, le terrorisme, la discrimination ! Aucune idéologie, aucun dogme et encore moins la religion ne peuvent ainsi exacerber les horreurs dont l’humanité est victime depuis la nuit des temps.
Les Justes parmi les nations sont le symbole de l’exemple que nous devons suivre : aider son prochain.
Les Justes parmi les nations sont le symbole de ce que l’humanité a de plus précieux : la fraternité.
Les justes parmi les nations sont le symbole de ce que le monde a créé de meilleur : la liberté.
Rendons aux Justes l’honneur qu’ils méritent et mettons aux yeux de tous leurs actes exemplaires pour que la paix soit enfin le cadre de vie de tous les peuples.