Ce dimanche 10 octobre, Angela Merkel s’est rendue à Yad Vashem pour sa sixième et dernière visite en tant que chancelière allemande. Elle était accompagnée du Premier ministre israélien Naftali Benett, du nouveau président du Comité directeur de Yad Vashem Dani Dayan et du Grand Rabbin Israel Meir Lau, directeur du conseil de Yad Vashem. Une visite au programme particulièrement riche avec l’exposition Flashs de mémoire et le Musée d’art de Yad Vashem. La chancelière a également pu contempler plusieurs objets de la Shoah, qui lui ont été présentés par le directeur des collections de Yad Vashem, Michael Tal, et qui seront exposés dans le futur Centre des collections, un des éléments du Complexe patrimonial Moshal, actuellement en construction. Le Centre des collections a été en partie financé par la République fédérale allemande.
Mais une visite, surtout, placée sous le sceau de l’émotion. Avec, d’abord, un entretien personnel avec Henry Foner, un des enfants rescapés du Kindertransport connu pour son ouvrage authentique et particulièrement bouleversant, "Cartes postales d’un petit garçon", qui présente les lettres et cartes postales illustrées, reçues de son père et d’autres membres de sa famille alors qu’il était un petit garçon réfugié en Angleterre. Puis, une cérémonie de commémoration à la Crypte du souvenir, imposante et sombre construction de béton sur le sol de laquelle sont inscrits les noms des camps d’extermination nazis, où la chancelière allemande a rallumé la flamme éternelle et déposé une gerbe en mémoire des six millions de victimes de l’Allemagne nazie et de ses collaborateurs. Enfin, à sa demande, Angela Merkel s’est rendue, seule, dans le Musée d’histoire de la Shoah, pour un moment de recueillement et d’introspection. Un passage fort qu’elle a résumé en ces mots :
"Chaque visite à Yad Vashem me touche au plus profond de moi à chaque fois. Les crimes contre le peuple juif documentés ici sont un rappel perpétuel de la responsabilité que nous, Allemands, portons et un avertissement. Que cette vie juive ait de nouveau trouvé un foyer en Allemagne après les crimes contre l'humanité qu’ont été la Shoah est une immense preuve de confiance dont nous sommes reconnaissants. Cette confiance nous oblige à nous élever, chaque jour, contre la haine antisémite et la violence, avec détermination. C'est une obligation pour chaque gouvernement fédéral".
Il s’agit de la sixième visite d’Angela Merkel en tant que chancelière allemande. La précédente remonte à octobre 2018 quand la chancelière s’était rendue à Yad Vashem quelques jours avant le 80e anniversaire de la Nuit de cristal, pogrom antijuif en Allemagne et Autriche annonciateur des événements qui allaient survenir par la suite. Elle avait alors écrit sur le livre d’or de Yad Vashem, à l’issue de son passage au Mémorial des enfants, Yad LaYeled :
"Il y a près de 80 ans, lors du pogrom de la Nuit de cristal du 9 novembre, le peuple juif d’Allemagne était confronté à la haine et la violence d’une manière sans précédent. Il allait en découler un crime inégalé qui a fracturé la civilisation : la Shoah. Il en va de la responsabilité éternelle de l’Allemagne de commémorer ce crime et de lutter contre la montée de l’antisémitisme, de la xénophobie, de la haine et de la violence."
Tout au long de son mandat, la chancelière allemande n’a eu de cesse d’œuvrer pour la mémoire de la Shoah. Un soutien sans faille salué par le Premier ministre Benett qui a déclaré :
"L'objectif des nazis était de laisser derrière eux un terrain vague - un effacement complet de notre peuple. Mais lorsque vous quittez Yad Vashem et que vous voyez les paroles du prophète Zacharie : ‘Et la ville sera remplie d'enfants jouant dans ses rues’, vous vous rendez compte qu'aussi énorme qu’a été la catastrophe, le miracle est encore plus grand… La Shoah n’est pas la raison de l'existence de l'Etat d'Israël. Le lien du peuple juif avec sa terre n'a pas commencé à Auschwitz. Mais Auschwitz, où nos frères et sœurs se sont perdus, renforce en nous la détermination de ne plus jamais être un peuple sans défense, loin de sa patrie. Pour moi, Juif croyant, Israélien, individu dont les branches familiales ont été arrachées pendant la Shoah, Premier ministre d'Israël - tous les chemins mènent à Jérusalem."