« Mon nom est maintenant lié à Raymond Dreyfus, pour l’éternité »
« Une petite flamme brûle chez moi depuis ce matin en leur mémoire »
« Une belle Initiative pour que jamais, jamais plus… »
Cette année encore, les commentaires pénétrés et empreints d’émotion ont été nombreux en réaction aux messages Facebook postés pour annoncer le IRemember Wall. C’est la deuxième année que Yad Vashem lance cette initiative en français : une campagne en ligne pour encourager les Internautes à commémorer les 6 millions de victimes juives de la Shoah.
L’idée est simple : à l’occasion du 27 janvier (jour anniversaire de la libération d’Auschwitz choisi par l’ONU pour instaurer la Journée internationale à la mémoire des victimes de la Shoah), les participants associent leur nom à celui d’un homme, d’une femme, d’un enfant, assassinés par les nazis et leurs collaborateurs
Pour beaucoup, il s’agit avant tout d’un devoir de mémoire. « Sans passé, notre humanité est mutilée », avait déclaré Elie Wiesel, rescapé de Buchenwald. Cet écrivain devenu Prix Nobel de la Paix a passé son existence à tenter de raconter l’indicible, mais pensait avoir échoué dans son travail de transmission, confiait-il vers la fin de sa vie au journal israélien Yediot Aharonot. Il aurait sans doute été touché par la volonté de se souvenir de ceux qui ont rejoint le IRemember Wall de Yad Vashem : « Surtout ne pas oublier », « Je me souviens », ont-ils été nombreux à s’exclamer.
Parmi eux, Valérie Chabeaux, une Occitane domiciliée à Loubressac, dans le Lot :
« Merci de nous permettre de créer un lien avec une victime, de nous donner un nom, un visage. Je n'oublierai pas Ida. »
Valérie a été associée à Ida, nom inconnu, née Kimelman en 1910, à Varsovie en Pologne. Selon une Feuille de Témoignage remplie par la nièce de la victime, Michal Ref Kimelman, cette mère de deux enfants a été assassinée à Treblinka à l’âge de 32 ans. « J’y pense quotidiennement. Je suis maman… Si cela avait été moi et mes enfants… J’ai mal pour toutes ces personnes », poursuit Valérie.
Comme elle, ils ont été plus de 160 000 cette année à rejoindre le IRemember Wall, soit deux fois plus qu’en 2020, avec des habitants originaires de 175 pays, dont certains de terres lointaines comme la Polynésie français, la Martinique ou Saint-Martin. En tête des pays les plus participatifs, l’Allemagne, porteuse d’une lourde dette dans ce tragique épisode de l’histoire, qui compte à elle seule plus de 50 000 Internautes impliqués. La France, elle, se classe en 6ème position, avec plus de 10 000 participants.
Selon un sondage réalisé dans l’Hexagone en janvier 2020, à l’occasion des 75 ans de la libération d’Auschwitz, 1 Français sur 4 de moins de 38 ans « n’a jamais entendu parler de la Shoah ». D’où l’importance d’initiatives comme le IRemember Wall, dans la réalité complexe actuelle
Plusieurs Internautes sont déjà des fidèles de l’opération pour y avoir pris part l’année dernière : « fait, cette année encore », « merci de nous permettre à nouveau de devenir l’ambassadeur de la mémoire d’une victime de la Shoah ».
D’autres, comme Valérie Chabeaux, rejoignaient l’initiative pour la première fois. « Je ne peux regarder de reportages sur la déportation, tant de souffrance, de peur, c'est insoutenable, déclare-t-elle. C’est l’histoire de sa famille qui a motivé sa participation : « Mon grand-père était prisonnier de guerre, son frère, résistant, est décédé à Buchenwald. J'ai donc cherché à en savoir plus sur eux et j'ai voulu en savoir plus sur les autres victimes. »
Valérie a souhaité contacter Yad Vashem pour faire part de son émotion. « Je tenais à vous remercier pour cette extraordinaire initiative. Merci encore de nous donner cette chance », a fait savoir celle qui prend son rôle d’ambassadrice de la mémoire très au sérieux :
« Sachez que j'ai fait développer les photos de 'nos' victimes, qui sont devenues comme des membres de notre famille. Ma fille va au collège avec Yakov et moi, j'ai toujours Ida sur moi. Elle est avec moi pour aller chercher les enfants à l'école, pour faire les courses... C'est idiot, mais on voudrait leur donner un peu de la vie qui leur a été volée. »
Et de conclure :
« Votre projet nous permet de voir les personnes sourire, sur ces photos, elles avaient encore une identité, une existence. Il ne faut pas les oublier, ce serait les faire mourir une deuxième fois. »