Dimanche-jeudi 08h30-17h00
Vendredi et veilles de fêtes 08h30-14h00
Shabbat et jours fériés - Fermé.
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« Je me suis réveillé à cause du mouvement et de l'agitation. Dehors, le soleil brillait déjà de tous ses feux. Le train roulait de nouveau. J'ai demandé aux gars où on était, ils m'ont dit qu'on était toujours au même endroit, qu'on venait tout juste de repartir : visiblement, c'était la secousse qui m'avait réveillé. Mais il n'y a pas de doute, ont-ils ajouté, on peut voir devant nous des usines, des espèces de bâtiments. Un instant plus tard, ceux qui étaient à la fenêtre ont annoncé, et moi aussi j'avais remarqué une modification passagère de la luminosité, qu'on était passés sous la voûte d'une sorte de portail. Encore un instant plus tard, le train s'arrêtait, et alors ils ont annoncé fébrilement que c'était une gare, qu'ils voyaient des soldats, des gens. Beaucoup se sont mis à ramasser leurs affaires, à se reboutonner, certains, surtout parmi les femmes, ont commencé à se nettoyer à la va-vite, à se coiffer, se refaire une beauté. À l'extérieur, j'entendais des coups secs se rapprocher, le fracas des portières, la clameur des gens qui se ruaient hors du train, et il fallait bien me rendre à l'évidence, cela ne faisait plus de doute, nous étions effectivement arrivés à destination. J'étais tout naturellement content, mais autrement, me semblait-il, que j'aurais pu l'être la veille, disons, ou d'autant plus deux jours plus tôt. Ensuite, un outil a heurté notre wagon, et puis un homme, ou plutôt plusieurs ont fait rouler la lourde portière. D'abord j'ai entendu leurs voix. Ils parlaient en allemand ou dans une langue qui y ressemblait beaucoup, qui sonnait pareil, tous en même temps. Pour autant que j'aie pu comprendre, ils souhaitaient qu'on descende. Mais au lieu de cela, il me semblait que c'était eux qui se pressaient au milieu de nous ; pour l'instant, je ne voyais rien. Ensuite, comme c'était expliqué, traduit et passé de bouche à oreille autour de moi tout le monde pourrait récupérer son bien, cela va de soi, mais d'abord les objets devaient passer à la désinfection, et nous, à la douche, c'était aussi mon avis. Ensuite, quand ils se sont affairés plus près de moi, j'ai enfin vu les gens d'ici. J'étais vraiment très surpris, car en fin de compte c'était la première fois de ma vie que je voyais - du moins d'aussi près - de véritables détenus, avec la tenue à rayures, la tête rasée et la casquette ronde des malfaiteurs. »
Être sans destin, Imre Kertesz, 10-18 Domaine étranger, p.107
« En route vers l'Est, en janvier 1943, nous ne savions rien, et c'est ainsi qu'apercevant des prisonniers en tenue rayée, Izi, comme moi, nous fûmes immédiatement convaincus qu'il s'agissait de criminels condamnés aux travaux forcés.
Pendant que nous parlions, le train stoppa. Au-dehors, on entendit des cris en allemand et le vacarme de lourdes portes coulissantes qu'on manœuvrait dans les autres wagons.
Comprenant que nous étions arrivés, nous commençâmes à réunir quelques affaires qu'on nous avait autorisés à emporter. La porte s'ouvrit brutalement et une voix aboya "Alles raus, aber schnell !" (Dehors tous, et vite !) Comme nous sautions du wagon avec nos bagages, le même officier en uniforme noir de SS hurla : "Laissez vos affaires dans le wagon. Vous les retrouverez plus tard. Raus, schnell, schnell !" (...)
Debout sur la rampe, dans le froid glacial, nous examinâmes les lieux. L'endroit était d'un gris repoussant. Le givre et le brouillard recouvraient tout d'un voile blanc sale. On n'y voyait pas grand-chose, mais le peu qu'on distinguait n'était guère encourageant. "Quel endroit maudit", me souffla Izi. Nous ne savions pas encore à quel point c'était vrai. "Quelqu'un sait-il où nous sommes ?" La question courut le long des rangs et un des Juifs expliqua : "Il me semble que nous sommes en Silésie, à la frontière avec la Pologne, c'est ce que cet endroit me rappelle, une région de mines de charbon et d'industrie métallurgique". Qu'avions-nous à voir avec la Silésie, nul ne le savait. "Nous devrons peut-être travailler à la mine",se désespéra le père d'Izi. Et nous répondîmes : "C'est possible". (...)
Soudain, un véhicule militaire stoppa près de nous et trois officiers SS de haut grade en descendirent. Notre chef se précipita vers le plus galonné, qui sortait le dernier, et salua : "Herr Oberstabsarzt (médecin major), environ neuf cent prisonniers adultes sont arrivés dans le transport de Belgique. Ils sont à votre disposition. Heil Hiltler !"
L'officier supérieur, un homme de haute taille rendit le salut nazi, puis il s'adressa à nous : "Vous arrivez dans le camp modèle du Troisième Reich. Ici, nous faisons travailler tous ceux, parasites et profiteurs, qui ont vécu à la charge des autres sans jamais avoir souffert de leur vie. Vous y apprendrez comment être utile et contribuer à l'effort de guerre du Reich". »
La boxe ou la vie, Noah Klieger, Éditions Elkana, p.34-35
« Le train n'avait jamais sifflé en s'arrêtant durant le trajet. Donc, quand j'ai entendu ce sifflement si particulier et senti le train freiner brusquement, j'ai immédiatement compris que le convoi était enfin arrivé à destination. (...)
Dès que le train s'est arrêté, des SS ont ouvert les portes du wagon et se sont mis à hurler : "Alle runter ! Alle runter" "Tout le monde descend !" Nous avons vu des hommes en uniformes pointant leurs mitraillettes et des bergers allemands aboyant sur nous. Tout le monde était assommé, engourdi par le voyage, et soudain des hurlements féroces, un boucan infernal pour nous déstabiliser, nous empêcher de comprendre ce qui se passait. Je me trouvais près de la porte, alors j'ai été parmi les premiers à sortir. J'ai voulu attendre près de la portière pour aider ma mère à descendre. Il fallait sauter, car le wagon était en haut et le terrain en pente. Elle n'était pas si âgée, mais je savais que le voyage l'avait durement éprouvée et je voulais la soutenir. Alors que je l'attendais, un Allemand est arrivé par-derrière et m'a donné deux gros coups de bâton sur la nuque. J'ai eu l'impression qu'il m'avait ouvert le crâne, tant les coups étaient violents. (...) En le voyant s'apprêter à me frapper encore, je me suis précipité pour rejoindre les autres dans la file. Ils frappaient les gens dès leur arrivée ; pour se défouler, par cruauté et aussi pour qu'on perde nos repères et qu'on obéisse par peur, sans faire d'histoires. »
Sonderkommando. Dans l'enfer des chambres à gaz, Shlomo Venezia, Albin Michel, p.59-60
« Et brusquement ce fut le dénouement. La portière s'ouvrit avec fracas ; l'obscurité retentit d'ordres hurlés dans une langue étrangère, et ces aboiements barbares naturels aux Allemands quand ils commandent, et qui semblent libérer une hargne séculaire. Nous découvrîmes un large quai, éclairé par des projecteurs. Un peu plus loin une file de camions. Puis tout se tut à nouveau. Quelqu'un traduisit les ordres : il fallait descendre avec les bagages et les déposer le long du train. En un instant, le quai fourmillait d'ombres ; (...) et tous s'affairaient autour des bagages, se cherchaient, s'interpellaient, mais timidement, à mi-voix. (...) Là où nous nous attendions à quelque chose de terrible, d'apocalyptique, nous trouvions, apparemment, de simples agents de police. C'était à la fois déconcertant et désarmant. Quelqu'un osa s'inquiéter des bagages : ils lui dirent "bagages, après" ; un autre ne voulait pas quitter sa femme : ils lui dirent "après, de nouveau ensemble" ; beaucoup de mères refusaient de se séparer de leurs enfants : ils leur dirent "bon, bon, rester avec enfants". Sans jamais se départir de la tranquille assurance de qui ne fait qu'accomplir son travail de tous les jours ; mais comme Renzo s'attardait un peu trop à dire adieu à Francesca, sa fiancée, d'un seul coup en pleine figure ils l'envoyèrent rouler à terre : c'était leur travail de tous les jours. (...)
Surgirent alors, dans la lumière des lanternes, deux groupes d'étranges individus. Ils avançaient en rang par trois, d'un pas curieusement empêtré, la tête basse et les bras raides. Ils étaient coiffés d'un drôle de calot et vêtus d'une espèce de chemise rayée qu'on devinait crasseuse et déchirée en dépit de l'obscurité et de la distance. Ils décrivirent un large cercle de manière à ne pas trop s'approcher, et se mirent en silence à s'activer autour de nos bagages, faisant le va-et-vient entre le quai et les wagons vides. »
Si c'est un homme, Primo Levi, Presses Pocket, p.21
« Et nous sommes arrivés à Auschwitz. Dès qu'ils ouvrirent les portières, des prisonniers en uniformes rayés s'approchèrent du train et ils commencèrent à crier que nous devions tout laisser et – descendre - nous devions tous partir et tout laisser dans le train. Mon beau-frère par un miracle avait encore une montre. Donc il - vous savez, il leur demanda en premier "dites-moi ce qu'il se passe ici". Et en bas nous entendions juste beaucoup de cris et des cris en allemand. (...) Ma sœur - dès qu'ils ouvrirent les portes, elle descendit en courant avec son petit garçon ; car Danny pleurait et on suffoquait dans le train c'était terrible, un voyage terrible. Les gens s'évanouissaient. On nous tirait pour descendre, vous savez - on faisait sentir des flacons de sel aux gens pour les ranimer. C'est incroyable de décrire seulement ce voyage, alors nous étions déjà très contents quand nous sommes arrivés. Nous pensions "c'est - au moins ça ne peut pas être pire que ce que nous venons de vivre". »
Cecilie Klein-Pollack, témoignage du 7 mai 1990 - Musée Mémorial de l'Holocauste des États-Unis
Notes pour l'enseignant :
Ils ont apporté des bagages, leurs brosses à dents et leurs brosses à cheveux, des vêtements et de la vaisselle. Ils ont empaqueté tout ce dont ils pourraient avoir besoin, y compris des objets de valeur qui pourraient être utilisés pour soudoyer les fonctionnaires, car ils pensaient qu'ils seraient réinstallés.
Notes pour l'enseignant :
Il faut prendre en considération les motivations du photographe dans ses choix, de même qu'il nous faut comprendre qu'il y a toujours une volonté de présenter les choses et la réalité. Utiliser d'autres sources en complément, et plus particulièrement des témoignages de victimes, est donc nécessaire afin d'avoir une meilleure compréhension.
Il ne faut pas non plus oublier que certains convois qui arrivaient à Auschwitz-Birkenau étaient mieux traités. Tout cela bien évidemment, pour donner une illusion de sécurité.
Notes pour l'enseignant :
La rapidité avec laquelle les SS souhaitaient que les gens débarquent et se séparent était intentionnelle. En effet, cela ne laissait pas le temps aux Juifs de penser à autre chose, sauf à obéir aux ordres. Ils n'avaient donc pas le temps de réaliser ce qui se passait et d'opposer la moindre résistance. Cela faisait partie du processus de déshumanisation qui rendait les choses plus faciles pour les bourreaux.
Notes pour l'enseignant :
Les Allemands ont essayé de rendre le processus le plus normal possible en apparence. Si les personnes pensaient être acheminées en train jusqu'à des camps de travail alors cet appareil meurtrier serait préservé. Il était aussi important que tout cela reste secret aux yeux du monde. Ainsi, les victimes étaient parfois autorisées à envoyer des cartes postales à leur famille en leur racontant qu'à cet endroit elles bénéficieraient d'un meilleur avenir. Un véhicule portant le signe de la Croix rouge les rassurait même si, en fait, ce dernier servait à transporter le gaz Zyklon B.
Notes pour l’enseignant :
Les photographies ne nous montrent pas seulement des SS, mais aussi des prisonniers qui participaient au traitement des prisonniers.
Notes pour l’enseignant :
Il est important de souligner que ces gens n'ont commis aucun crime. C'est uniquement parce qu’ils étaient juifs qu'ils ont été condamnés au travail forcé et à la mort.
Pour les groupes avancés
Notes pour l’enseignant :
En mai 1944, l'Allemagne subissait d'importantes pressions sur le front de l’Est de la part de l'Armée rouge et devait bientôt faire face au débarquement des Alliés, en Normandie, sur le front de l’Ouest (juin 1944). En dépit de toutes ces menaces croissantes, les Allemands ont continué à employer tous les moyens nécessaires pour mener à bien leur combat contre les Juifs, même si c’était sur le compte de leurs besoins militaires.
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