Friedrich-Freddy Ochsenhorn (qui prendra par la suite le nom de Shalom Karni) vécut dans les maisons d'enfants de l'OSE à Chabannes et à Montintin jusqu'à ce qu'il soit caché dans une famille chrétienne.
Les parents de Friedrich, Chajim Ochsenhorn-Hochbaum et sa femme Riwka-Regina née Spiegel, étaient nés en Pologne et résidaient à Vienne. Chajim travaillait dans le commerce du textile et possédait une grande boutique en ville. Leur fils unique, Friedrich, naît en 1929. En 1938, la famille part pour la Belgique avec l'intention d'émigrer aux Etats-Unis. Après l’occupation de la Belgique et de la France par les Allemands en 1940, ils viennent se réfugier en France. Chajim s'engage comme volontaire dans l'Armée polonaise en France et est emprisonné dans le camp du Vernet. En raison des papiers d'immigration américains qui se trouvent en sa possession, il est transféré au camp des Milles. Riwka a le statut de réfugiée et se déplace donc d'un endroit à l'autre à travers la France. Alors qu'elle est installée pour quelque temps à Montpellier, elle est arrêtée et internée à Drancy.
Confié par sa mère à l'OSE, Friedrich vit dans des maisons de l'association depuis 1940. Il séjourne à Chabannes avec son cousin Daniel Ochsenhorn, avant d'être transféré à Montintin puis caché dans une famille chrétienne. Après la libération, c'est dans une maison d'enfants près de Lyon qu'il apprend la nouvelle du destin tragique de ses parents déportés à Auschwitz en 1942 et assassinés.
En 1946, Friedrich émigre en Terre d'Israël avec l'aide de l'association Aliyat HaNoar et s'installe à Mikveh Israel. En Israël, il retrouve Perel-Pepi Rauchman, la sœur de son père, émigrée là-bas depuis 1934.
En 1955, Shalom Karni (Friedrich Ochsenhorn) soumet des Feuilles de témoignage en mémoire de ses parents, Cajim et Riwka.
Shalom Salomon Jassy séjourne plusieurs mois dans la maison d'enfants de Chabannes en 1943, en compagnie de sa sœur Antoinette (Tammy). Leurs parents, Adela-Chaya Felder et Yakow Jassy, originaires de Pologne, se rencontrent en France où ils se marient. Ils vivent à Strasbourg et ont deux enfants, Antoinette (née en 1933) et Shalom Salomon (né en 1936). Adela et Yakow possèdent la citoyenneté française et la famille mène une vie juive traditionnelle. En 1939, les Jassy déménagent dans la ville de Terrasson en Dordogne, dans le sud-ouest de la France. Antoinette et Shalom fréquentent l'école primaire de Terrasson, leur père Yaacov sert dans la Légion étrangère et leur mère gagne sa vie en achetant et revendant des vêtements. Lorsque la traque des Juifs débute dans la région, Yaakov s'enfuit et tente de gagner la Suisse. Il est arrêté dans la ville de Brides-les-Bains et envoyé à Drancy. En octobre 1943, il est déporté à Auschwitz où il périt.
Adela confie ses enfants à l'OSE et demeure à Terrasson, où elle se fait passer pour une sourde-muette et reçoit l'aide de ses voisins, la famille Brusseau. En 1943, Antoinette et Shalom Salomon sont conduits à Chabannes où Shalom reçoit un nom français, celui de Serge Javert. Quelques mois plus tard, l'OSE décide de fermer la maison d'enfants du château de Chabannes et de disperser les enfants. Les frères et sœurs sont séparés : Antoinette est envoyée dans une ferme et Salomon placé successivement dans deux familles chrétiennes puis dans un couvent à côté de Rodez. Là, Simone Stolze-Coqué, une résistante qui sera reconnue comme Juste des nations par la suite, le prend sous son aile.
Après la libération, Adela et ses enfants se retrouvent à Terrasson. Ils retournent ensuite à Strasbourg avant d'émigrer en Israël en 1949.
En 1957, Adela-Chaya Jassy soumettra une Feuille de témoignage en mémoire de son mari Yakow.
En octobre 1944, deux cartes postales sont envoyées du couvent de Rodez à Adela Jassy à Terrasson par Simone Stolze-Coqué, qui sera reconnue par la suite comme Juste des nations. Elle y écrit qu'elle projette de conduire Serge, le fils d'Adela (nom d'emprunt de Shalom Salomon) jusqu'à Terrasson.