Sur cette photo : Shimon Horonczyk, assis au centre, entouré de ses cinq enfants.
À sa droite, son fils Symcha-Binem Horonczyk (debout) et sa fille Leah Horonczyk (assise). À sa gauche, ses filles Esther Horonczyk et Chaja-Dwojra Horonczyk (assises) et son fils Josef Horonczyk (debout).
L'histoire de la famille Horonczyk nous permet de retracer une partie de l'histoire des Juifs en France pendant la Shoah.
Né en 1875 à Krzepice (Pologne), Shimon Horonczyk est veuf et père de cinq enfants (Icek-Josef, Symcha, Chaja-Dwojra, Leah et Esther). En 1926, il quitte la ville de Lodz en Pologne et vient s'installer rue de Turenne, dans le IVème arrondissement de Paris. Il gagne sa vie grâce au commerce du textile. Icek-Josef et ses trois soeurs se marient avec d’autres immigrants juifs polonais et s’installent près de leur père.
Icek-Josef Horonczyk épouse Paula-Malka et le couple s'installe au 5, rue Oberkampf dans le XIème arrondissement de Paris. Leur fille Francine naît à Paris le 10 mars 1939.
Symcha Binem Horonczyk est né le 14 août 1907 à Weglowice (Pologne). Il est célibataire et réside au 3, rue Castex dans le IVème arrondissement de Paris.
Chaja-Dwojra Horonczyk épouse Froïm Korman, né à Varsovie (Pologne) en 1905. Le couple s'installe au 3, rue Castex dans le IVème arrondissement de Paris.
Leah Horonczyk épouse Salomon Friedheim. De leur union, naîtront Raphaël en 1939 et Nelly et Solange en 1943.
Esther Horonczyk, née à Czestochowa (Pologne) en 1915, épouse Nissan Frenkel, né en 1907 à Kutno (Pologne). Le couple s'installe au 3, rue Castex dans le IVème arrondissement de Paris. Leur fils Richard naît le 21 juin 1940.
Lorsque la France est envahie par l’Allemagne en 1940, le fils et les gendres de Shimon sont enrôlés dans la Légion étrangère. Ils seront démobilisés après l'armistice.
Le régime de Vichy impose la désignation d’un gérant « aryen » pour diriger les entreprises juives. Un panneau est placé sur la devanture du magasin de la famille Horonczyk pour indiquer que la direction de l'entreprise est désormais assurée par un Commissaire gérant aryen, conformément à l’ordonnance allemande du 18 octobre 1940.
Icek-Josef et Paula Horonczyk sont proches de leurs voisins, Paul et Suzanne Gibaud.
Icek-Josef est arrêté à Paris le 14 mai 1941 avec ses beaux-frères Nissan Frenkel et Froïm Korman lors de la « rafle du billet vert » et tous trois sont internés à Beaune-la-Rolande. Ils seront déportés le 28 juin 1942 à bord du convoi n°5 de Beaune-la-Rolande à Auschwitz où ils périront.
Symcha Horonczyk et son beau-frère Salomon Friedheim sont envoyés dans le camp de Pithiviers. Salomon parvient à s’enfuir et à rejoindre sa femme Leah et leur fils Raphaël. Ils se cacheront dans un village du sud de la France et le couple donnera naissance à des jumelles, Nelly et Solange, en 1943. Symcha Horonczyk sera déporté de Pithiviers à Auschwitz-Birkenau le 17 juillet 1942 à bord du convoi n° 6 et n'en reviendra pas.
Esther Horonczyk, l’épouse de Nissan Frenkel, sera elle aussi déportée à Auschwitz, le 16 juillet 1942. Son fils Richard, âgé de 2 ans, sera déporté le 11 septembre 1942 à bord du convoi n° 31. Ils seront tous deux gazés.
Le dernier à être déporté, le 11 février 1943, de Drancy à Sobibor, à bord du convoi n°53, sera le père de famille, Shimon Horonczyk, qui ne survivra pas non plus à la déportation.
Francine et sa mère Paula demeurent à Paris après l'arrestation d'Icek-Josef et Paula porte l’étoile. Au début du mois de juillet 1942, lorsque Francine, tombée malade, est opérée, Paul et Suzanne Gibaud l'emmènent dans leur famille à Courlon dans l’Yonne pour quelques jours.
Paul Gibaud, qui est policier, apprend qu’une rafle de grande envergure se prépare et qu'elle aura lieu dans les jours à venir.
Le 15 juillet 1942, veille de la rafle du Vel d'Hiv au cours de laquelle 13 152 personnes seront arrêtées dans le cadre de l'opération « Vent Printanier », en raison de leur identité juive, Suzanne Gibaud conduit Paula à Courlon, chez sa mère, madame Goury.
Francine et Paula resteront quelques jours chez madame Goury avant de trouver un abri plus sûr.
Francine est ensuite accueillie par Georgette Barthélémy. Paula sera cachée pendant quelques mois chez Albert et Renée Sarro à Courlon.
Pour sa sécurité, on cachera à Francine que sa mère Paula se trouve tout près mais doit renoncer à rendre visite à sa fille pour ne pas la mettre en danger. Par la suite, n'étant plus en lieu sûr, Paula réussit à se procurer des faux papiers et à regagner Paris.
À la fin de la guerre, la famille Horonczyk est brisée, dispersée et réduite à quelques survivants au nombre desquels figurent Leah et Salomon Friedheim.
Chaja-Dwojra Korman et sa belle-sœur Paula Horonczyk se retrouvent veuves. La jeune génération n’a pas été épargnée, seuls Fanny Korman, Francine Horonczyk et les trois enfants Friedheim ont survécu.
Grâce à l’enquête menée par le Département des objets de Yad Vashem, l’histoire de la famille ne s’arrêtera pas là. Apprenant que Francine (Horonczyk) Lévy vit en Israël, le Musée la mettra en contact, pour la première fois depuis la fin de la guerre, avec ses cousines Fanny Korman et Nelly (Friedheim) Weinstock.
En 1976, Dwojra Korman remplira les Feuilles de témoignages pour les membres de sa famille déportés.