Dimanche-jeudi 08h30-17h00
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Shabbat et jours fériés - Fermé.
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« Ils nous ont emmenés vers un énorme bâtiment où il y avait des pommeaux de douche, et on nous a dit de nous déshabiller, et j'étais jeune et fière, toujours tirée à quatre épingles, je portais mon joli manteau, ma plus jolie robe, alors, je les ai pliés ensemble lorsque je me suis déshabillée, puis est arrivée cette Kapo, et elle les a envoyés sur le côté et j'ai dit, "Ce sont mes vêtements." Elle a dit, "Oui, mais tu n'en auras plus besoin", et j'avais terriblement peur parce que je ne savais pas ce qu'elle voulait dire. Alors quand nous fûmes dévêtues, tout le monde reçut l'ordre de monter sur un tabouret et ils nous ont rasées, nos cheveux comme nos parties intimes, et nous nous regardions, nous ne pouvions pas nous reconnaître les unes les autres une fois nues, non seulement privées de nos vêtements, mais aussi de nos cheveux. Alors, ils nous ont entassées dans ces douches, et ils ont d'abord fait couler l'eau chaude, comme c'était bouillant, nous nous sommes écartées de cette eau chaude, les SS et les Kapos nous ont alors battues pour que nous y retournions, alors ils ont ouvert l'eau froide, glacée, ce qui produisit le même effet, et, enfin, nous sommes sorties de la douche. Chacune de nous reçut un vêtement qui, bien sûr, n'était pas à notre taille. Certaines en avaient des trop petits, certaines en avaient des trop grands. Nous n'avons même pas eu de sous-vêtements, pas de soutien-gorge ni de culotte, juste cette robe. »
Cecilie Klein-Pollack, témoignage du 7 mai 1990 - Musée Mémorial de l'Holocauste des États-Unis
« Häftling : j'ai appris que je suis un Häftling. Mon nom est 174517 ; nous avons été baptisés et aussi longtemps que nous vivrons nous porterons cette marque tatouée sur le bras gauche. (...)
Nous avions décidé de nous retrouver entre Italiens tous les dimanches soirs, dans un coin du Lager ; mais nous y avons bientôt renoncé parce que c'était trop triste de se compter et de se retrouver à chaque fois moins nombreux, plus hideux et plus sordides. Et puis c'était si fatigant de faire ces quelques pas et puis se retrouver c'était se rappeler et penser, ce n'était pas sage. »
Si c'est un homme, Primo Levi, Presses Pocket, p.35-38
« Je ne peux pas dire grand-chose de ce qui a suivi : en substance, tout s'est déroulé selon les indications du prisonnier. La porte d'en face s'est ouverte et nous sommes entrés dans une salle effectivement meublée de longs bancs et de crochets placés en haut. J'ai immédiatement repéré le numéro et je me le suis répété plusieurs fois pour ne pas risquer de l'oublier. J'ai noué ensemble mes chaussures, comme le prisonnier nous l'avait conseillé. La salle suivante était basse de plafond et violemment éclairée par des lampes : le long des murs, les rasoirs allaient déjà bon train, les tondeuses électriques bourdonnaient, les barbiers s'affairaient - c'était tous des détenus. Je me suis retrouvé devant l'un d'eux, sur le côté droit. Il m'a dit de prendre place - du moins je le suppose, car je ne comprenais pas sa langue - sur le tabouret placé devant lui. Et déjà il posait la tondeuse sur ma nuque, et déjà il m’avait coupé les cheveux jusqu'au dernier, j'avais la boule à zéro. Ensuite, il a pris un rasoir : j'ai dû me lever, tenir les bras en l'air - comme il me le montrait -, puis il m'a gratouillé sous l'aisselle avec sa lame de rasoir. (...)
Déjà, il fallait avancer : allez, à la douche. À la porte, devant moi, un détenu a fourré dans la main de Rozi un morceau de savon brun en disant et montrant que c'était pour trois personnes. Dans la salle de bains, on avait sous les pieds un caillebotis en bois glissant, au-dessus de la tête un réseau de tuyaux avec dessus une quantité de pommes de douche. Il y avait déjà beaucoup d'hommes nus qui avaient une odeur pas très agréable. J'ai trouvé étonnant que l'eau se mette à couler soudain toute seule alors que tout le monde, y compris moi, cherchait en vain un robinet quelque part. (...) Il s'est avéré que le savon ne moussait malheureusement pas beaucoup, mais qu'il contenait en revanche beaucoup de petits grains acérés qui provoquaient des égratignures. (...) déjà, nous étions emmenés, poussés, chassés vers l'extérieur. On s'est retrouvés dans un endroit mal éclairé où un détenu a mis dans chaque main, dans la mienne aussi, un mouchoir - non, il s'avère que c'est une serviette -, en nous faisait signe de la lui rendre après usage. (...)
Ensuite, il y avait un couloir avec sur le côté droit deux guichets éclairés, et finalement, une troisième salle, sans porte : dans chaque pièce se tenait un prisonnier qui distribuait des vêtements. J'ai reçu, comme tout le monde, une chemise qui avait dû être autrefois bleue à rayures blanches, de l'époque de mon grand-père, sans col ni bouton, un caleçon qui convenait tout au plus à des vieux, avec des fentes aux chevilles et deux authentiques rubans de caleçon, un costume visiblement usé, l'exacte réplique de celui des détenus, en tissu à rayures bleues et blanches, une vraie tenue de prisonnier, il n'y a pas à dire ; puis, dans la salle ouverte, j'ai pu choisir dans une montagne de chaussures bizarres - semelle de bois, doublure de tissu et trois boutons sur le côté au lieu de lacets - celles qui, dans la précipitation, m'allaient à peu près. Il ne faut pas que j'oublie les deux morceaux de toile grise, servant sans doute de mouchoir, supposais-je, et pour finir un accessoire inévitable : la casquette de détenu, molle, ronde, élimée et rayée. J'hésitais un peu, mais de partout venaient des voix pressantes, je ne pouvais pas traîner, alors qu'autour de moi on s'habillait dans l'affolement et la précipitation, si je ne voulais pas prendre du retard sur les autres, bien sûr. Comme il était trop grand et qu'il y manquait une ceinture ou des bretelles, j'ai été obligé de faire un nœud dans mon pantalon en courant et alors s'est révélée une particularité de mes chaussures que je n'avais pas remarquée auparavant, à savoir que les semelles étaient rigides. Pendant ce temps, pour avoir les mains libres, j'ai mis la casquette sur ma tête. Les gars aussi étaient prêts : on se regardait les uns les autres, sans savoir s'il fallait rire ou s'étonner. »
Être sans destin, Imre Kertz, 10-18, Domaine étranger, p.133
« Nous sommes finalement entrés dans la Zentralsauna, une grande structure en briques qui servait à la désinfection des hommes et des vêtements. La première chose qu'il fallait faire était de se déshabiller entièrement. (...)
Au fond de la première salle, nous avons vu deux médecins officiers SS portant des blouses blanches. Ils nous regardaient passer, nus, devant eux. De temps en temps, ils faisaient signe à l'un d'entre nous de rester sur le côté. (...) c'était une seconde petite sélection que nous avions subie, sans le savoir. Mais la sélection était superficielle, il suffisait d'avoir les fesses un peu creuses pour être condamné à mort.
Ceux qui n'étaient pas mis de côté ont continué, passant dans la salle suivante. Dans cette salle, des "coiffeurs" étaient alignés pour nous raser la tête, le torse et tout le corps. N'ayant pas les outils adéquats ni de mousse, ils nous arrachaient la peau jusqu'au sang. La salle suivante était celle de la douche. C'était une grande pièce avec des tuyaux et des pommeaux de douche au-dessus de notre tête. Un Allemand gérait les robinets d'eau chaude et d'eau froide. Pour s'amuser à nos dépens, il alternait brusquement eau bouillante et eau glacée. Dès que l'eau devenait trop chaude, on s'éloignait pour ne pas se brûler, il hurlait alors comme un animal, nous donnait des coups et nous forçait à retourner sous l'eau bouillante.
Tout se déroulait de manière très organisée, comme une chaîne de travail dont nous étions les produits. Au fur et à mesure qu'on avançait, d'autres prenaient notre place. Toujours entièrement nu et mouillé, j'ai suivi la chaîne jusqu'à la salle du tatouage (...) où plusieurs prisonniers étaient chargés de nous tatouer notre numéro de matricule sur le bras. (...) C'était extrêmement douloureux. (...)
Après cela, il fallait attendre les vêtements qui devaient nous être distribués. Les nouveaux prisonniers ne recevaient plus depuis longtemps les uniformes rayés. À la place on recevait des vêtements désinfectés, laissés par les prisonniers arrivés avant nous. La distribution se faisait sans que personne ne se préoccupe de nous donner des vêtements à notre taille. On recevait une veste, un pantalon, un slip, des chaussettes et des chaussures. Les vêtements étaient usés et troués. Beaucoup n'arrivaient pas à enfiler leur pantalon, d'autres avaient reçu un pantalon beaucoup trop large pour eux. Il était hors de question d'aller demander une autre taille à ceux qui nous avaient distribué les affaires. Ils auraient pu nous frapper pour cela, même s'ils étaient eux-mêmes prisonniers. Alors, entre nous, on essayait de s'arranger, d'échanger les vêtements. Mais il fallait avoir de la chance, surtout avec les chaussures, pour qu'elles ne soient pas trouées en dessous. Moi j'ai pu m'arranger, même si je m'en suis sorti avec des chaussures un peu grandes. »
Sonderkommando. Dans l'enfer des chambres à gaz, Shlomo Venezia, Albin Michel, p. 66-67-68
Après avoir lu les témoignages et examiné les photographies, les élèves doivent être amenés à répondre aux questions suivantes :
Note pour l'enseignant :
Il est important d'insister sur la rapidité du processus de déshumanisation. Les nouveaux arrivants étaient immédiatement dépouillés de leur identité et transformés en détenus.
Note pour l'enseignant :
Tous les témoignages mettent l'accent sur la violence et les sévices. Les femmes insistent particulièrement sur l’humiliation de leur corps.
Notes pour l'enseignant :
Ils expriment le sentiment de ne plus se sentir un être humain. Levi décrit aussi les tentatives de se retrouver chaque semaine, entre prisonniers italiens. Cependant, ces rencontres n’ont pas duré, car de moins en moins de prisonniers étaient présents chaque semaine et cela devenait trop décourageant.
Montrez aux élèves les photos n°27 à 32, puis lisez le témoignage du commandant du camp ci-dessous.
« Mais déjà en 1942, Canada I n'était plus à même d'accomplir régulièrement sa tâche. Malgré la construction de nouvelles baraques, malgré le travail de jour et de nuit des détenus chargés de la manutention, malgré le renforcement constant de ce commando, les bagages non triés s'accumulaient de plus en plus. Et ceci en dépit du fait qu'on chargeait quotidiennement le matériel trié dans plusieurs wagons dont le nombre s'élevait parfois jusqu'à vingt. En 1942, on procéda à l'installation d'un nouveau dépôt dit Canada II à l'ouest du secteur II de Birkenau. (...)
Après la fin des "actions" les plus importantes, les valeurs triées étaient emballées dans des coffres et expédiées en camion à Berlin où elles étaient dirigées sur la Reichsbank. Une section spéciale s’était exclusivement occupée de la vente de ces objets. »
Le commandant d'Auschwitz parle, Rudolf Hoess, Julliard, p. 240
Notes pour l'enseignant :
Au début du cours, nous avons évoqué les effets personnels que les déportés avaient apportés. Cela nous a permis d’obtenir plus d’informations sur la manière dont ils percevaient leur voyage et leur déplacement forcé.
Le témoignage de Hoess nous donne la perspective vue à travers le regard des nazis. Que faisaient-ils de toutes ces affaires ? Ils les triaient et les expédiaient en Allemagne où elles devaient être réutilisées. Dans le cadre de ce système, les nazis exploitaient le plus de choses possible - y compris les cheveux, les amalgames dentaires et même les cendres des victimes.
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