« C’est en tant que musulmans croyants que nous avons offert aux Juifs notre protection et notre humanité. Pour quelle raison ? A cause de Besa, de l’amitié et du saint Coran. C’est cette image de mon père que je porte dans mon cœur »
Je suis le fils aîné de Nuro Hoxha, qui était bien connu par ici, dans la commune de Vlorë, car il était enseignant et fervent musulman. Je me souviens encore de ces jours terribles où les nazis sont arrivés à Vlorë, depuis la Grèce, et les Juifs devaient se cacher. J’avais alors dix ans. Les Juifs de Vlorë, Berat et Elbasan vivaient en Albanie depuis 1490, et nombre d’entre eux avaient fui Ioannina, en Grèce.
Mon père a accueilli quatre familles juives. Tous sont devenus ses amis. Je me rappelle encore ce que mon père leur a dit en les recueillant : « Maintenant, nous formons tous une seule famille. Vous n’avez rien à craindre. Mes fils et moi vous protégerons de tous les dangers, au péril de notre vie. »
Nous avons caché les familles dans des bunkers souterrains qui partaient de notre grande maison. Il s’agissait de trois générations de la famille élargie d’Ilia Sollomoni et Mojsi Negrin, soit douze personnes au total. Il y en avait d’autres dont j’ai oublié le nom. Les bunkers communiquaient entre eux et avaient des issues de secours. L’une de nos tâches consistait à apporter à manger aux familles dans les bunkers et d’aller acheter ce dont elles avaient besoin. Tous les habitants de Vlorë étaient opposés au fascisme et savaient que de nombreuses familles cachaient des Juifs.
Raconté par Sazan Hoxha (fils de Nuro Hoxha).
Le 21 juillet 1992, Nuro Hoxha a été reconnu Juste parmi les Nations par l’Institut Yad Vashem.